AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de jbrasseul


Dès que j’avais été en âge de réfléchir, je n’avais pu faire autrement que de constater sa légèreté, le vide incroyable de son esprit. Ce n’est pas une expérience gaie pour un enfant qui ne demanderait qu’à s’incliner devant son père. Voulant avoir l’air de surveiller mes études, il arrivait souvent au mien de me poser à table des questions. Son éternelle vanité le poussait à chercher, ici aussi, des occasions de briller, de faire parade de ses connaissances. Je me taisais. Je l’observais. Jamais je n’ai relevé une des erreurs qu’il ne manquait pas alors de commettre. J’éprouvais au contraire un triste plaisir à le voir s’y enfoncer.
« Qui est-ce qui a fait attacher Brunehaut à la queue d’un cheval indompté ?... Frédégonde, voyons, à ton âge je savais cela depuis longtemps. »
Et voilà ! C’était pour tout à peu près pareil. Quelles petitesses et quel enfantillage, de la part d’un être qui n’était, par tant d’autres côtés, que séduction ! Que d’élégance en lui, de générosité, de souriante désinvolture ! Rien que la négligence avec laquelle il mettait ou retirait ses gants, que n’aurais-je pas donné pour être assuré de de parvenir un jour à l’atteindre ! C’est trop commode d’acheter des livres, et de s’assimiler ce qu’il y a dedans. Mon père, lui, savait d’instinct tout ce qu’ils sont incapables d’apprendre. A cause de ce charme, bien des choses doivent lui être pardonnées. Et enfin, vois-tu, il en est une qui compte à mes yeux plus que toutes les autres. Sur tous ceux qui lui ont jeté la pierre après avoir vécu à ses crochets, il a eu cette supériorité qui doit emporter l’oubli de toutes les faiblesses et de toutes les fautes : il a aimé.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}