Pierre Berthomieu

L'un des maitres du cinéma anglais qui hélas depuis quelques années se perd dans des productions indignes de son immense talent. En spécialiste de Shakespeare qu'il est , Branagh a toujours su apporter un souffle épique et théatral a ces films , ce qui pour plusieurs d'entre eux en a fait des classiques . Le retrouver par lasuite à la téte d'une production Marvel , cela a du mal à passer , car ce talent mérite largement mieux . Cet ouvrage fort bien fait donne une trés bonne vision d'ensemble de sa carriére et l'on se prend à souhaiterqu'il revienne au plus haut dans les plus brefs délais . Un livre vraiment remarquable .

Voici un ouvrage pointu pour cinéphiles niveau expert. Ni une histoire, ni une analyse, mais un essai, 500 pages grand format ; 3000 illustrations qui, malgré leur format timbre, restent significatives et stimulantes.



En introduction, une déclaration d'amour au cinéma hollywoodien, suivie d'une réflexion sur l'histoire et l'histoire de l'art, en compagnie de Hegel et de Wölfflin.

Dans la première moitié, des chapitres consacrés à Michael Curtiz, Selznick, John Ford, Henry King, DeMille, Hawks, Hitchcock, Stevens, Vidor.



Dans la deuxième moitié, l'architecture de cet ouvrage est moins visible, car l'auteur privilégie « les approches transversales, les filiations, les transferts » (dixit la quatrième de couverture). Un déluge d'allusions, d'associations, de connotations. Le fil rouge : la dynamique entre le style classique et les notes dissonantes assimilées par celui-ci au fil des ans.

Ce livre est un monument d'érudition. Barbant ou amusant.



Extrait du chapitre consacré à Ford, p421

« le paysage définit un western. La théâtralité et la complexité dramatique des relations familiales y sont certes plus poussées que dans d'autres œuvres, mais par-delà les styles singuliers, tout western possède au plus haut point la dimension opératique du classicisme, décuplée par l'espace, où les héros exécutent systématiquement des séries de gestes et de rituels chargés de sens (la chevauchée, le duel, le voyage en diligence. La dimension mythique et légendaire du genre le place sur le territoire épique et l'opéra devient son langage naturel : John Ford n'aimait pas l'expression, mais ne parle-t-on pas de horse opéra comme on parle de soap opera ? »



Ci-dessous des notes de lecture du chapitre III - mon humble tentative de cerner le cheminement de l'auteur.



14/ contre l'unité classique ; le classicisme de l'âge d'or implique lisibilité, équilibre, confort pour les yeux. Cependant : Wyler et Zinnemann, parfois mal aimés ou jugés désuets – leurs choix formels comportent des tensions et des dissonances qui rendent inadéquate l'étiquette « classique »

15/ l'héritage de l'opéra : exploration du mélodrame et du western, en balayant le reproche des lieux communs

16/ Les drames métaphysiques

17/ l'univers de Frank Capra, abordé via un film atypique, mais riche en symboles visuels, Horizons perdus.

18/ abstraction : des plans détails, des plans ellipse, « des images qui deviennent des fragments répétables et manipulables par le montage, avec un impact immédiat sur le sens [de la narration] ». Il s'agit de « thèmes visuels », « à la fois des images et des concepts ».

19/ Expérimentations formelles : Disney ; créateurs indépendants des années 20 ; Welles ; l'influence d'Eisenstein ; Mamoulian ; Berkeley

20/ Exotisme et phantasme. L'océan, la jungle, les films de pirates ; costumes et accessoires ; Marylin Monroe.

21/ L'univers de Welles – la dynamique classique – baroque dans ses films

22/ Film noir