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Citations de Pierre Chappuis (47)


   LES MOTS, LEUR REVERDIE


 Cendre qui, voletant, de s'agiter, s'ébattre (essor, élans mul-
tiples), loin de se disperser, se recompose oiseaux.
 Par à-coups, à se frôler, s'éviter entre les arbres (fougueuse
refeuillaison), épris, imprudents, coiffés de braise.

 Les mots, leur reverdie, qu'à nouveau, au fond de la gorge,
ils viennent consteller la voix.

p.11
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Violoncelle seul



extrait 1

Futur, s’ourle

Comme vague, chant, comme éclairs en débris

Comme un martèlement par moments proches de nous

************

Et gratte, et fouille, creuse, exhume.

Peut-être ici, rien. Peut-être, à force d’entêtement, dos courbé, quelques fragment d’urne ou de hanap enfin –

Voués à l’enfoui

Pelle, pioche raclent bruyamment un sol caillouteux, peinent à dégager un bloc de pierre.

************

Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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Devant nous, étonnant mélange…



Devant nous, étonnant mélange des eaux qui devrait rassurer celui qui, de son propre aveu (aveu ou profession de foi) n'avance qu'en toute incertitude, l'image, première venue, et le commentaire semblent ne faire qu'un. L'extrême méfiance à l'endroit de l'une (seul véhicule pourtant aussi bien que de l’autre (auxiliaire trop loin du ressenti) porte à une vérité au-delà. "Réflexion faite" : seconde, la pensée, elle-même tâtonnant, rejoint l’expérience originelle (ou estimée telle) dite par l’image, en découvre la cohérence par un mouvement de retour, celui, lui aussi recréateur, de la retouche, non tant maîtrise qu’approfondissement.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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D'UN PAS D'OMBRE


D’un pas qui ne comble aucun vide, un pas d’ombre qui ne
dérange rien, ne défait pas la blancheur de la nuit, ne donne pas
quittance du chemin parcouru.


Marcher, non : glisser muettement.


Tout à élargir son champ de reconnaissance (par pans, un
redéchiffrement presque à la dérobée), le regard ne heurte plus
de confins. Perdues sont les montagnes au loin dans la pâleur.

p.14
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BANNIÈRES DU COUCHANT



Déployées, roses à la limite du soir. Ultimes. Jusqu'à ces
escarpements, aller.
Par la fenêtre ouverte (tout l'été, d'une bouffée) parvient une
odeur d'herbe fraîchement coupée. Qu'importe l'exiguïté de la
pelouse ; qu'importent rues, carrefours, ville.


Trop tard (lâche renoncement), trop tard pour rallier les ban-
nières du couchant. Sans ordre, solitairement s'effectuera la tra-
versée de la nuit.

p.40
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SPLENDEUR ÉTOUFFÉE


À l'image du jaillissement de lumière (appui sur un rayon
de lune) venu délivrer ma table de travail de son poids d'ombre ;
comme si, en mon absence – car autre que moi a pris faction –
s'écrivait sur une feuille préparée hier au soir, quoique illisible
(nocturne épanchement), le poème à venir.


Tracé lui-même à l'encre sympathique, le paysage, de la fe-
nêtre, vibre d'une splendeur étouffée.

p.10
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– Que m’enveloppe la nuit, le linceul d’oubli de la nuit.
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Câline à souhait,
l'eau clapoteuse
longe en douceur le môle.

Presque un phrasé.

Autant de pas, et de pas
ramenant vers nous
- brume et montagnes désemboîtées -
la trouée de l'horizon.

(d'instant en instant)
p.59
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La semaison…



La semaison, juin 1975 : dans le silence d'une fin de nuit, le veilleur prend conscience qu'allumer une lampe, passer dans une pièce voisine ne le délivrerait nullement, qu'il restera pris (murs, nuit) jusqu'au lever du jour. Incroyable hésitation, pour le dire, entre deux images dont l'une (le mur repeint par l'aube) confirme, dont l'autre (porte, ouverture) nie l'idée d'enfermement. Elles ne s'opposent pas si jour et nuit ont même origine, si l'originel, l'insondable est l'obscurité, et la transparence, la belle lumière — du matin, d'octobre, de l'hiver —, une sorte d'obscurité à rebours ou, ce qui revient au même, l'ombre d'une autre lumière, éblouissante : "Le temps m'aidera seul à en sortir en peignant prudemment, peu à peu, le jour sur ses murs (et je n'en serai donc pas vraiment sorti) — mais cette image est plus pensée qu'éprouvée, car l'aube sera vraiment plutôt l'ouverture d'une porte dans ces murs — même si, réflexion faite, le jour est peint sur le noir de la nuit."


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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II



Extrait 2

Vitraux (cette fois de l'intérieur) comme les reflets d'une rivière verticale, confirmation a contrario de toute l'œuvre les ayant précédés —"...malgré ou plutôt par ce noir...".
La nuit, le jour. Aboutissement ? bien davantage ouverture à quoi aura mené, comme allant de soi, sans préméditation, une exploration que guidait de tableau en tableau (autant d'étapes datées), non "la matière physique de la surface, ni sa couleur, mais la lumière qui naît au cours du travail", venue de la matière elle-même. Partout (en nous tout aussi bien) se mêlent les remous d'une circulation fervente du jour, de long en large, de travée en travée, des bas-côtés à la nef, pour s'accorder avec la pierre elle-même. Voisinent, terre et ciel, s'apparient de nuance en nuance — changeants échos sonores — les ocres légers, les rouges, les teintes bleuâtres.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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II



Extrait 1

Conques maintenant. Tout un pays à traverser, de montagnes, de plateaux, ravines, de solitude. Visite maintes fois envisagée, maintes fois différée. Enfin, ce jour-là, notre arrivée tardive (un éboulement dans la vallée du Dourdou ayant exigé un long détour jusqu'au moment de franchir le Lot), d'un souvenir durable, tout comme, si nette encore totalement aujourd'hui, la longue soirée autour de l'église, sur le parvis, dans les rues adjacentes presque déserts. Rendus à nous-mêmes en ce lieu, point d'accomplissement, point d'orgue. Toute la journée du lendemain en outre...
Mémoire, chambre claire, cependant non : n'ayant nullement la froide exactitude d'un appareil permettant de reproduire une image trait pour trait sans risque d'erreur, mais, tout au contraire, source jaillissante. Au creux du village émerge, en toute majesté — au vrai, dans l'humble recueillement du couchant — l'église Sainte-Foy sévère et accueillante, ses fenêtres comme autant de paupières closes, sœurs du ciel et du bleu des toits. Rien qui vienne troubler ce qui n'est ni sommeil ni rêve, mais clarté blottie dans le creux d'une conque (si le nom doit quelque chose à la configuration du lieu), comme eau lustrale dans le creux de la main.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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INSOMNIE


 Montée des jardins en terrasses, l'ombre par effluves entre
dans la chambre, dans les vides qu'elle ne comble pas
s'installe.

 Cette heure-ci, oui, aux dimensions du temps, érodé.

 Sans heurts, sans craquements, le mobilier de la nuit est
remis en place.

p.41
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A l’envers (nuages ou pierres), le lit de la rivière lui-même entraîne le courant.
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Redéploiement du jour : le paysage ou son double, effiloché, à peine aurai-je eu le temps de le saisir au vol, à la va-vite, de l'embrasser (d'un coup dans ses moindres détails), le saluant d'un grand geste au passage comme pour l'entraîner dans ma course.
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Mon amour, désormais hors d’atteinte, sois, noir éclat, cette corneille juchée au sommet d’un peuplier, libre d’entraves au cœur de l’étendue que rien ne borne.
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                                Geais querelleurs encore



    L'air qu'invisiblement, presque imperceptiblement on froisse, de l'autre côté de la haie ; venu le moment des cadeaux, on s'apprêterait, cachant mal son éclat, à dégager avec précaution quelque chose (rien moins que le jour) de son emballage encombrant quoique léger, qui se déchire, s'en va en lambeaux, poussé de côté.

    Peut-être un couple de geais.

    Leurs soudaines criailleries, tels des jurons, leur grossièreté, tandis qu'ils s'affairent ramènent sans ménagement aux tâches, aux préoccupations terre à terre.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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                                L'oiseau à tire d'aile



    Taillant dans le vif à tire d'aile au plus étroit du défilé comme si, issue des ténèbres, une main donnait — mais dans le vide — de grands coups de ciseaux.

    Le bel embrouillamini de cascades, de tourbillons, de remous, plis et replis, de gerbes d'écume qu'il traverse sans dévier !

    Joindra-t-il une rive de la nuit à l'autre ? En tout cas sans mettre aucun ordre ni tracer de ligne de démarcation qui vaille. Pour l'avoir frôlée, ne noircira pas l'eau, messager de l'oubli.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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Surgissent …



Surgissent, nets, des labours à traverser dans le désordre
des mottes tandis que, sans bruit, les montagnes remuent

s’éloignent, se fragmentent


Nul cri que celui, étouffé, du brouillard


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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Quelques branches…



Quelques branches, non loin, seul indice, reviennent


Manœuvres, fuite au matin


Démarrages et redémarrages sans affolement sans hâte,
une troupe dût-elle, profitant du couvert, monter à l’assaut.


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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Me reprend, m’excepte


Me reprend

(l’arbre de nouveau happé)


M’excepte

(bandeau de soie sur mes yeux comme une aube)

Mouvant, mouvant, m’immerge


Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
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