Autant faire de sa vie une œuvre inachevée et maladroite. En un mot : humaine. J’ai cessé de m’inquiéter le jour où, très tôt dans ma vie, j’ai tenu à m’extraire du moule étroit et étouffant de nos sociétés tournées vers l’imminence des résultats gratifiants et l’obsession des triomphes grisants.
J’étais déconcerté. Il s’exprimait tel un suzerain soucieux de conserver son trône. Rien ne l’intéressait d’autre que son pouvoir, le fugace et pathétique pouvoir que lui procurait son siège de maire d’une presqu’île renommée, inondée à la belle saison par une vague de rats des villes et de vedettes. Voilà ce à quoi il s’agrippait : sa couronne, son trône et quelques photos prises en compagnie de célébrités d’un jour, piteux trophées épinglés sur les murs de son château. L’image du noble édile loué pour son intégrité brûlait devant moi dans un feu amer.