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Critiques de Pierre Fridas (8)
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La Liberté ou la mort

En ce début de XIXe siècle, la Crète souffre. Cette île à la forte identité n’a jamais supporté d’être sous le joug turc, et les révoltes éclatent périodiquement. Cette domination paraît d’autant plus odieuse que la grande sœur grecque, elle, vient de retrouver son indépendance. Turcs et Crétois se regardent en chiens de faïence, les provocations s’enchaînent et les esprits s’échauffent.



Le capétan Michel est une figure emblématique de cette révolte crétoise. Il élève son fils dans cette unique idée, comme son père l’a élevé lui-même de cette façon. Sa famille entière est d’ailleurs de la même veine : un parent vient de déclencher le dernier scandale en date, en traînant un âne dans une mosquée pour « lui faire dire ses prières ». Et pourtant, malgré son statut de symbole vivant, le capétan est rongé par le doute : en cause, la femme du chef local turc qui ne veut plus lui sortir de la tête, et qui l’empêche de mener à bien son combat. Pour quelqu’un qui n’a jamais eu comme maîtresse que la Crète, la situation est particulièrement insupportable, et Michel sent le déshonneur le guetter.



Quelle drôle d’ambiance dans ce roman de Karantzakis ! Le nationalisme y est poussé à son extrême : les hommes sont jugés au nombre de morts qu’ils ont fait dans les rangs turcs, et les enfants eux-mêmes ne rêvent que de couper la tête du sultan. Les intellectuels, ayant généralement voyagé sur le continent et donc pas assez « purs », sont ridiculisés et méprisés par la population entière : le maître d’école est tyrannisé par ses élèves, et même mis à la porte de sa maison par sa propre épouse ; il ne devra sa rédemption qu’en déposant les livres pour prendre les armes. Le fils renégat qui ira chercher une épouse en dehors de l’île la verra dépérir une fois rentré chez lui : elle sera incapable de tenir debout une journée entière et sera victime de fausse couche, comme si la Crète elle-même se défendait contre les éléments étrangers qui voudraient l’envahir.



Les rôles homme/femme sont du même acabit : les premiers bombent le torse, étalent leur puissance et leur virilité, tandis que les femmes rasent les murs en silence, éblouies par ces mâles vigoureux et décidés, et terrifiées à l’idée de faire la moindre action qui pourrait leur déplaire. Les relations entre les deux sexes ont parfois un côté franchement bestial, avec ces dames qui hument et retroussent les lèvres au passage d’un partenaire potentiel.



Malgré toutes ces caractéristiques qui ne sont pas franchement ma tasse de thé d’habitude, cette lecture a été un vrai plaisir. Sans doute parce que l’auteur ne cherche pas à argumenter ou défendre une position, ce qui pourrait vite le rendre insupportable (ou ridicule), mais se contente de laisser évoluer ses personnages, qui vivent de cette manière sans se poser de questions. À la place, on vit dans la peau de David qui se lance dans un combat qui semble d’avance contre Goliath, auprès d’un peuple qui demande simplement à retrouver sa culture, ses rites, ses traditions et qu’on le laisse finalement tranquille. Tous les ingrédients sont réunis pour une épopée comme on en fait plus.
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La Liberté ou la mort

Le Capétan Michel (titre original) est une œuvre centrale dans la masse des écrits de Kazantzaki. En partie autobiographique, ce livre raconte la révolte d'une ville de Crête, puis de toute la Crête au travers des destins de personnages haut en couleurs qui se dévoile petit à petit. Les intrigues s'entrecroisent, les beys, pacha, imam, muezzin, métropolite, instituteurs, bergers, paysans se rencontrent, se battent, rient, mangent, boivent, font l'amour, sont jaloux ; en un mot, vivent.

C'est ce qui ressort de ce récit ; une vie puissante, forte d'envies et de désir, et par dessus tout celui de liberté, de se libérer du joug des envahisseurs ottomans !

Donc, c'est tout autant empli de vie que l'on sort de cette lecture passionnante et puissante.
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La Liberté ou la mort

La Crète en 1889 est sous le joug ottoman.



Plusieurs révolutions ont éclaté, sans succès. Pourtant rien ne peut faire courber l’échine aux crétois.



Ils sont fiers, rudes et hospitaliers. A l’image du capétan Michel, qui a l’amour de la Crète vissée au corps et à l’âme.



Pourtant, lorsqu’il croise les yeux de la femme de son frère d’élection, turc, son cœur s’enflamme et la paix le quitte.



Bientôt la Crète va de nouveau s’enflammer et chacun va devoir décider s’il veut se battre, mourir ou attendre une fois encore que l’orage passe…



Bienvenue dans un monde à part. Une vie gouvernée par l’amour de la patrie et l’orgueil.



L’auteur prend le temps de poser son décor, cette ville de Candie, les histories des personnages principaux ou secondaires, avant de narrer une nouvelle révolte.



Les personnages ne sont pas manichéens, chacun se confronte à des doutes. Qu’il soit lâche, exilé ou guerrier reconnu. Car oui, c’est un récit d’hommes dans lequel, globalement, les femmes sont en arrière-plan.



Ce récit interroge la liberté et ce que les hommes sont prêts à faire pour leurs idéaux.



On retrouve aussi l’idée de la famille, des enfants qui ressuscitent en quelque sorte leurs aïeux, l’idée de faire partie d’une lignée même s’il est difficile dans ses conditions de s’en démarquer.



La quatrième de couverture évoque des hommes gouvernés par leur passion et oui, je suis d’accord, on a l’impression que l’instinct est privilégié par les personnages alors que la réflexion, l’européanisation sont condamnées.



Voilà un roman riche en couleurs, aux personnages profonds, que j’ai trouvé parfois un peu long mais que j’ai lu avec plaisir.
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La Liberté ou la mort

La Liberté ou la mort est le mot d'ordre des révolutionnaires Crétois, brodé sur le drapeau de Capétan Michel, le héros du livre, mais aussi d'un drapeau visible au Musée Historique d'Héraklion.



Avant l'Autonomie de la Crète en 1897, des révolutions secouèrent l'île au 19ème siècle : 1821, 1866 avec le massacre du monastère d'Arkadi, furent les plus connues, mais les capétans du livre de Kazantzaki énumèrent en 1821, 1834, 1841, 1878..



C'est en 1889 que se déroule l'épopée du Capétan Michel. Le roman se compose de deux parties. Dans la première, le drame se noue. L'auteur présente les nombreux protagonistes dans la ville de Candie où cohabitent Chrétiens et Turcs, mais aussi Juifs et Arméniens. Le pacha, plutôt débonnaire, ne jouit pas d'une grande autorité et les notables s'affrontent, provocations et forfanteries, mesquineries et intrigues, mariages et histoires d'amour, affaires et beuveries. Le champion des Grecs est le Capitan Michel, sombre et ténébreux, craint de tous, celui des Turcs Nouri Bey. Plutôt que de s'entretuer, ces nobles personnages ont mêlé leur sang en un pacte fraternel. On se prend à imaginer l'entente entre les communautés quand le pauvre Ali Aga est nourri par les femmes grecques ou quand Effendine est invité à se saouler chez Michel. Les rancœurs sont bien présentes, les provocations s'accumulent. Quand le frère du Capétan Michel charge un âne sur son dos pour l'emporter à la mosquée "dire ses prières" l'offense se lavera dans le sang.





J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cette chronique où les personnages sont nombreux, tous divers. Nikos Kazantzakis décrit aussi le quotidien des femmes. Femmes soumises à eurs héros de maris, ou mégères, jeunes mariées comme vieilles filles.



De provocations en meurtres, de meurtres en vengeances, le pacha ne peut contenir la colère des agas et laisse faire le massacre, pire, il obtient des renforts que le sultan lui envoie. Les Grecs mettent à l'abri femmes et enfants dans les villages et prennent le maquis pour une guerre sans merci.











Cette deuxième partie du livre sent la sueur, la poudre et le bouc. Les capétans reprennent du service et le théâtre des opérations se déplace de la ville à la campagne. Entrent en scène les héros de 1821, centenaires mais encore très verts. Le héros n'est plus Michel mais son père le vieux Sifakas qui règne sur ses fils, ses petits fils, mais aussi sur les bergers. Occasion de raconter la vie rurale, ainsi que les faits d'armes anciens. Les héros morts à Arkadi hantent les consciences.



J'ai eu plus de mal avec cette tonalité virile. Déjà, en ville les femmes jouissaient d'un statut de second plan. Michel refusait même de voir sa fille devenue pubère qui se cachait à son retour mais à la campagne elles n'ont plus de rôle du tout. Les égorgements, les coups de feu, les oreilles coupées... ne sont guère de mon goût.







Et pourtant il s'agit bien d'une épopée vécue, d'une histoire qui s'est vraiment déroulée. Avec les exploits militaires se déroule, en coulisse, la grande politique, celle des grandes puissances, qui refusent de voir la Crète rattachée à la Grèce. De la Grande Bretagne et des autres puissances qui préfèrent un sultan entravé à une entrée de la Russie en Méditerranée, le port de Souda, convoité par les puissances navales...Et tout cela est diablement passionnant.



Évidemment, la féministe du 21ème siècle ne peut pas suivre à la lettre tous ces exploits sans agacement. Le magicien Kazantzaki m'a encore entraînée dans cet univers par son talent de conteur. Sous la geste épique, on sent l'humaniste qui ne peut souscrire à la simplification. C'est encore Zorba qui montre la barbarie de la guerre.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Liberté ou la mort

Fin XIXème siècle, la Crète est toujours sous le joug de l'empire ottoman et les dissensions entre Crétois et Ottomans sont de plus en plus importantes. Les Crétois veulent leur indépendance ! Le célèbre écrivain grec Nikos Kazantzaki, auteur du fameux "Alexis Zorba", nous entraine dans une véritable épopée où de nombreux personnages se rencontrent et luttent : un magnifique roman historique que de nombreux élèves grecs étudient encore.
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La Liberté ou la mort

Sur l’île de Crète, à Candie plus précisément, se joue une guerre entre chrétiens et musulmans en 1889. Le capétan Michel, homme valeureux, bourru, corpulent et taiseux est le chef du village. Il est directement inspiré du père de l’auteur. Nouri Bey, un turc, chef de clan également, lui apprend que son frère a fait un esclandre à la mosquée en y portant un âne à bout de bras. Telle est la trame de départ de ce long roman de Nikos KAZANTZAKI, son sixième, écrit en 1950, parfois traduit par « La liberté ou la mort », et qui aurait dû à l’origine s’appeler sobrement « Le capétan Michel ».



Entre les familles du capétan et de Nouri, l’heure a toujours été à l’orage. Kostaros, frère de Nouri, a jadis égorgé le père de Michel. Pourtant, entre ces deux-là, une amitié indéfectible s’est scellée par le mélange de leurs sangs, un geste d’une rare force. Le paradoxe de leurs sentiments est immense car ils se souviennent de leur jeunesse, de leurs journées passées ensemble. Pourtant, la tension est désormais palpable entre les deux familles de religions opposées, religion chacune représentée par l’un des deux protagonistes.



La Crète est cette île grecque située en Europe, mais à la fois aux portes de l’Asie et de l’Afrique. Ses terres n’en sont que plus convoitées. Elle est en 1889 sous la domination ottomane et compte bien se battre jusqu’au bout pour recouvrer sa liberté. Les guerres antérieures de 1821, 1866 ou 1878 sont encore présentes dans tous les esprits, les rancunes sont tenaces et l’atmosphère est électrique, une nouvelle guerre de religion semble imminente.



La révolution de 1821 est exhumée par la plume vertigineuse, voluptueuse et envoûtante de KAZANTZAKI. L’auteur fait défiler une kyrielle de personnages aux caractères trempés, à la puissance démesurée, au charisme sulfureux. Dans de très longs chapitres, il présente avec un génie évident les tenants et les aboutissants, faisant d’une querelle de famille une épopée universelle. Sur fond de tremblements de terre, ses personnages se déplacent, boivent, trinquent, se respectent mais se haïssent, le conte persan n’est pas loin, et pourtant ce livre est tellement plus.



Il se divise en deux parties distinctes, deux moitiés de roman : la première est la présentation des protagonistes, la situation politique et religieuse de ce village crétois (ses paysages prenant une place non négligeable), les tensions incommensurables entre les familles, les coups bas, les assassinats, les accusations. La pression entre les rivaux peut se voir comme une suite de veillées d’armes. L’égorgement d’un moine par les turcs déclenche les hostilités, la guerre va être sanglante, violente, faite de massacres sans scrupules. C’est la seconde partie de ce récit, alors que des attentistes espèrent l’intervention de la Russie orthodoxe en faveur de la Crète. Les scènes brutales, barbares, se succèdent.



Des meurtres quasi fratricides s’enchaînent : Manousakas, le propre frère de Michel, est assassiné par Nouri. Chaque page sent la poudre et sue la vengeance par tous ses pores. Le message du Christ pourrait bien prendre une toute nouvelle forme : « Ce n’est pas le Christ qui est crucifié… Mon Dieu, c’est une femme qui porte une cartouchière et des pistolets d’argent ! ».



La force presque surnaturelle de KAZANTZAKI réside dans la manière de guider son lectorat en de menues scénettes, puissantes, dont la maîtrise est totale. Il sait peut-être mieux que personne décrire les âmes, en des personnages eux aussi d’une vigueur et d’une dimension vertigineuses. Son aisance aussi, pour conter les massacres des guerres passées entre chrétiens et musulmans, sa méticulosité pour décrire une scène de combat. Tout est saisissant dans cet ample roman, véritable fresque historique aux détails foisonnants et calibrés, le résultat est en tous points éblouissant. Car KAZANTZAKI n’oublie pas l’humour de circonstance, comme pour dédramatiser : « Mon grand-père, armé d’un brûlot, incendiait les frégates ennemies, mon père, armé d’un fusil, décimait les Turcs et moi, armé d’un chasse-mouches, je tue les mouches, pouah ! ».



KAZANTZAKI fut un homme fasciné par la figure du Christ. Elle est encore ici bien présente, avec son ombre apparaissant ici et là, mais toujours en filigrane, comme un fil conducteur. Et si les personnages de ce roman quasi divin trinquent beaucoup, c’est pour ne pas perdre ni leurs forces, ni leur dignité d’êtres humains respectueux de leurs ennemis, malgré la haine réciproque. Certes, une certaine misogynie peut poindre en des pages, et pourtant les femmes savent aussi se révolter et taper du poing sur la table, se faire entendre et respecter, c’est l’une des ambiguïtés des romans de KAZANTZAKI, toutes ces ambiguïtés mises bout à bout pouvant être rapprochées sans honte aucune aux chefs d’œuvre de DOSTOÏEVSKI, ainsi que de certaines scènes de TOLSTOÏ pour la précision des combats.



Le crétois KAZANTZAKI possède un style russe mais à la manière des contes persans, son style et son univers sont ce feu d’artifice pétillant et ininterrompu, chacune des figures qu’il met en scène personnifiant une identité collective, comme ce jeune homme de 17 ans, Théodoris, neveu de Michel et représentant l’avenir, tout comme Thrassaki, le renouveau de la Crète et de la chrétienté, sa résurrection, alors que Sifakas le vieux père de Michel, centenaire, représente, ainsi que quelques autres, par sa participation aux luttes de 1821, la Crète de jadis. Tous ont leur place dans ce roman aux nombreuses ramifications.



KAZANTZAKI décortique dans ce roman d’une immense spiritualité les coutumes ancestrales crétoises, rattrapées par un fort antisémitisme rural, ruralité qu’il exacerbe par force détails. Et toujours ces images violentes très marquantes dans un livre dense et si riche : « Ce ne sont pas des morceaux de viande, vieux Sifakas, ce sont des oreilles. Ce n’est pas de l’eau, c’est de l’alcool. Le jour où un Turc m’a renversé et mangé l’oreille, c’était en 1821, j’ai fait le serment de mettre dans cette bouteille une oreille de chaque tête de Turc que je tuerais… Pour te raconter mon histoire, capétan Sifakas, je n’ai qu’à regarder une à une les oreilles qui nagent dans cet alcool. Je sais à qui appartiennent chacune d’elles ».



Derrière ce combat à la fois d’une époque et d’une nation, sur une terre définie, c’est bien un message universel que KAZANTZAKI délivre, ce verbe pouvant être d’ailleurs lu sur plusieurs niveaux. C’est tout simplement du Grand Art. Réédition disponible aux éditions Cambourakis.



https://deslivresrances.blogspot.com/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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La Liberté ou la mort

C'est un chef d'œuvre de Kazantzakis. Le titre original étant "Capétan Mikalis" est un personnage inspiré du père de l'auteur. Un Crétois patriotique pour qui la libération de la Crète est la plus importante des choses.

En écrivant ce roman, l'auteur a voulu rendre hommage aux Crétois qui ont révolté pendant son enfance (l'une des dernières révoltes en Crète vers 1890). Honnêtement, il a réussi à les rendre immortels par la magie de sa plume. C'est un roman de 650 pages, mais tellement bien écrit qu'on ne décroche pas jusqu'à la dernière page.

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La Liberté ou la mort

un pavé....mais quel souffle dans ce livre....quelle énergie...quel ode à la liberté::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
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