Etienne, gestionnaire de patrimoine à succès dans l’une des plus grandes banques privées de Paris, vivait sa vie comme il vivait la Bourse : à fond. Rarement sorti du travail avant vingt et une heures, il enchainait pourtant plusieurs fois par semaine ces journées à rallonge avec un concert, un vernissage ou une partie de squash effrénée. Le week-end, il partait souvent avec Blandine à Deauville, à Londres, ou même à Ibiza. Il fascinait autant qu’il intriguait quiconque le croisait. Il ne se reposait jamais, mais ne semblait jamais fatigué non plus.
Blandine avait été immédiatement séduite par ce véritable tourbillon incarné autour duquel gravitaient tellement d’amis, de fêtes et d’énergie.
Il y avait d’abord eu Damien, en Terminale scientifique, son premier chagrin d’amour, et le plus incompréhensible pour elle. Blandine avait ressenti pour Damien un véritable coup de foudre lors de leur rencontre, quasi instantanément. Le genre de sensation à laquelle on ne s’attend pas et qui emporte tout sur son passage. L’amour, avec les jambes qui tremblent et les mots qui ne veulent pas sortir quand on est en présence de l’autre. L’amour aussi comme Blandine se l’était toujours imaginé lorsqu’elle était enfant, lorsqu’elle avait dévoré ses premiers romans remplis de beaux princes charmants.
La vie était savoureuse, piquante – mordante même – relevée, riche en saveurs exotiques et inconnues. Tout ceci se révélait nouveau et riche en découverte pour Blandine, plus habituée à un rythme classique et prévisible.
Le fait d’être trompée acheva de la faire douter d'elle-même, et plus encore, des garçons. Elle n’était Clairement pas faite pour être en couple et chaque fois qu’elle avait essayé, le destin s’était chargé de le lui rappeler. Aujourd’hui, à nouveau, le sort semblait s’acharner et Blandine se demanda si une mauvaise fée n’avait pas pour mission de lui gâcher l’existence.
Comme certains d’entre vous le savent, nous avions prévu de partir faire un tour du monde pendant deux mois à l’issue du mariage. De mariage il n’est plus question, mais j’ai malgré tout décidé de partir à la découverte d’autre chose. Un voyage pour oublier, pour s’oublier, et pour que vous me retrouviez en grand forme à mon retour.
La sinistrose s’emparait de tous les Parisiens en ce début de mois de janvier qui, dans les cafés et dans les bureaux, commençaient à douter que le soleil ne revienne un jour. Et puis, même si Etienne avait été très clair, elle vivait mal le fait de se retrouver seule pour gérer tous les détails de leur mariage à venir.
Je vous aime, et dans ces jours troublés, vos petits mots, vos appels m’ont fait tellement de bien, même si je suis de bien mauvaise conversation et pour ainsi dire, complètement perdue quand cinq fois, dix fois vous m’avez dit « ce qui ne tue pas rend plus fort » ou bien encore « un de perdu, dix de retrouvés ».
Malgré la fatigue, Blandine ne parvenait pas à enlever le sourire de son visage depuis son arrivée en Australie. Tout l’émerveillait autour d’elle. Si le paradis existait, il devait ressembler à cela ; des gens accueillants, souriants et un soleil d’hiver incroyable.