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Citation de emdicanna


En Bretagne et ailleurs aussi, la chasse aux "langues secondes" :

Les instituteurs ne parlent que le français bien que la plupart d'entre eux aient parlé le breton quand ils avaient notre âge et le parlent encore quand ils rentrent chez eux. D'après mes parents, ils ont des ordres pour faire comme ils font. Des ordres de qui ? Des "gars" du gouvernement. Qui sont ceux-là ? Ceux qui sont à la tête de la République. Mais alors, c'est la République qui ne veut pas du breton ? Elle n'en veut pas pour notre bien. Mais vous, mes parents, vous ne parlez jamais français. Personne dans le bourg ni à la campagne ne parle français... Nous n'avons pas besoin de le faire, disent les parents, mais vous, vous en aurez besoin. (...) Qu'est-ce qui s'est passé, alors ? C'est le monde qui change d'une génération à l'autre. Et qu'est-ce que je vais faire de mon breton ? Ce que vous faites maintenant avec ceux qui le savent, mais il y en aura de moins en moins. Mais pourquoi... ?
A l'école, il est interdit de parler breton. Il faut tout de suite se mettre au français, quelle misère ! (...) Nous nous mettons bientôt à la torture, bourrés de bonne volonté, pour fabriquer de petites phrases en français. Est-ce de notre faute si des mots bretons se glissent dedans ? D'ailleurs, le maître est le seul à s'en apercevoir. Quand il assène un coup de règle sur la table, nous savons que nous avons failli. (...)
Lorsque l'un d'entre nous est puni pour avoir fait entendre sa langue maternelle dans l'enceinte réservée au français, (...), une autre punition l'attend à la maison. Immanquablement. Le père ou la mère, qui quelquefois n'entend pas un mot de français, après lui avoir appliqué une sévère correction, lui reproche amèrement d'être la honte de la famille, assurant qu'il ne sera jamais bon qu'à garder les vaches, ce qui passe déjà pour infamant, par le temps qui court, auprès de ceux-là même dont une part du travail est de s'occuper des vaches.
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