AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de KotolineBastacosi


Pierre Jourde
Après le massacre de Charlie, Virginie Despentes a publié dans « les Inrockuptibles », comme le rappelle ici Elisabeth Philippe, pour l’en excuser et dire qu’on y a rien compris, un texte où elle exprime son empathie pour les victimes et pour les tueurs :

« J’ai été “Charlie”, le balayeur et le flic à l’entrée. Et j’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que de vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser leur visage. J’ai aimé aussi leur désespoir. »
« Je les ai aimés pour leur maladresse - quand je les ai vus les armes à la main semer la terreur en hurlant “On a vengé le Prophète”. »
C’est beau, cette faculté d’empathie, cette manière généreuse de mettre sur le même plan les victimes et les tueurs. Il y a du bon des deux côtés (ah, « mourir debout plutôt que de vivre à genoux » !) et du mauvais des deux côtés. ça me rappelle l’immortelle réplique d’OSS 117 dans « Rio ne répond plus » : « Juifs, nazis, il y avait des torts des deux côtés, non ? » Mais cette merveilleuse capacité d’empathie, qui fonctionne pour des tueurs fanatiques religieux, ne s’applique donc pas à Polanski ? Et pourquoi ? Il a fait pire ? Il ne mérite aucune empathie, lui ? Là encore, il faudrait savoir, vos belles convictions si fortement proclamées me paraissent à géométrie variable.

Les frères Kouachi avaient des circonstances atténuantes, pauvres gamins de banlieue victimes du racisme et tout ça. Polanski, pas de circonstances atténuantes ? Rien ? Sa mère est morte en déportation quand il était gamin, son père était en camp de concentration, il a connu le ghetto de Cracovie et l’errance en Pologne occupée à l’âge de dix ans, quand il en a trente-six sa femme, près d’accoucher de leur enfant, se fait massacrer, mais votre justice, qui ne connaît ni le pardon, ni la prescription, ni la présomption d’innocence, ne lui accorde non plus aucune circonstance atténuante. On a vraiment envie de vivre dans un monde régi par votre justice de meute.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}