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Citation de moravia


Samedi 11 août 1917.
Le soir, quand le chaud crépuscule est près de tomber et que je rentre dans la vieille ville où j'habite pour quelques jours, je suis informé que Mme Eleonora Duse, à qui j'avais fait demander l'honneur d'un entretien, veut bien m'attendre, que je suis même en retard. Donc je me précipite, encore tout poudreux des longues courses du jour, vers le petit hôtel provincial où elle est descendue. Et c'est là, dans une cour très banale où sont attablés quelques voyageurs, qu'elle m'apparaît et vient à moi. Je ne l'avais jamais vue, même pas à la scène, mais des amis m'en avaient parlé, avec une telle admiration émue. Elle est vêtue de très légères soies noires, qui la drapent comme pour la dissimuler, mais sous lesquelles elle marche avec une grâce exquise, et elle me tend une toute petite main de princesse gantée de peau de suède blanche. Il semble qu'elle se soit rigoureusement soumise à ce précepte : " Habillez-vous de telle manière que, lorsque vous sortez d'un salon, personne ne se souvienne de votre toilette." Ce qui frappe dès l'abord en elle, c'est quelque chose de hautement respectable en même temps que de suprêmement élégant dans la simplicité absolue. Ses cheveux déjà gris sont discrètement attachés sous un petit chapeau noir que personne ne remarquerait. Tout l'ensemble de sa toilette semble dire : " Vous savez, ne faites pas attention à moi, je suis déjà une vieille femme." Mais cela est démenti malgré elle par ses admirables yeux qui rayonnent, qui ont l'air d'éclairer. Il y a des êtres qui naissent vieux, d'autres qui, malgré la neige des ans, restent éternellement jeunes.
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