J’ai encore à vivre. J’ai l’espèce humaine en consignation. J’apprends à sentir autrement, à bourdonner mes envies de sucre, à attendre que la distance se taise, mais rien ne se tait. J’ai tenté de jouer à pile ou face, de manier les sentiments comme une brassée de lavage, d’avaler la pâte à biscuits crue. Quand je tombe en simultané avec ma tête, dans le creux de l’oreiller, le sentiment de manque galope où ses bras d’orchestre, sa fraise d’enfant et ses belles paroles font promesse.
Tu as soixante-dix ans, et moi, sept ans. Je ne comprends pas. Tu comprends que le temps ne te donnera plus rien.
Le vent est en feu on le sent partout la torpeur nous prend dix-huit heures et m’man arrive golden hour le soleil se tue les lampadaires consomment le soir comme des alcooliques.
(Je pense qu’ils souffrent eux aussi.)
Homme
nom masculin
Cornet à saveurs variées, potentiellement avarié, velu et moite. Trempage facultatif, mais salutaire. Synonyme de fuite, de peur, de cynisme et, surtout, de beauté. Prendre garde.
Je fixe le fond de ton regard, espère un trou noir. Je n’ose quémander une scène, un endroit étroit et lumineux où les représentations seront sold out.
(supplémentaires entre toi et moi)
Je garde le rêve d’un temps arrêté d’une petite boîte qui pourrait contenir les plus beaux sparages.
(tes lamentations lentes seront empreintes à mon histoire)
Je te voudrais comme un film
de la section sans enfant
où les échanges
n’ont pas de paroles
nous sommes
une cabine d’essayage
avec trop de linge dedans
Québec neige sale
pluie de pétrole sur des trottoirs
rouillés
marche à l’abandon des hommes
sans papiers
tentative vaine
d’être
encore
un
peu
Nous calculerons les failles
sur notre peau
et les corps se multiplieront
hurleront par leur langue
l’ivresse de notre monde
j’ai l’élégance d’un homme qui mange une banane
sur un trottoir
et parfois
j’ai envie de te battre dans mes bras