Il était descendu du train à Paradis. C'était là qu'on lui avait parlé du Malouin pour la première fois, et aussi du camp de Bois-Gentil, qui était le chantier de coupe du Malouin.
C'était venu à point.
Durant tout le trajet entre La Sarre et Paradis, au fond du wagon à bétail, il n'avait pas tellement réfléchi au tracé de sa route à venir, ni à ce qu'il ferait exactement. Peut-être était-il trop fatigué pour cela. Il n'avait fait que se laisser bercer par la chanson cahotante des roues sur l'acier, et les ronflements des chevaux, de temps à autre.
On avait dit : "Le Malouin, c'est du sûr, pour un travail. Il a son chantier à une vingtaine de miles, par la piste du nord de cette ville." On lui avait également recommandé de louer une voiture pour y aller : il n'avait pas à s'ennuyer et hésiter sur le choix de la "ligne", seule une Jeep pouvait s'accommoder du chemin sans y crever ou s'y briser les os.
Louer, ça ne l'intéressait point. Il avait préféré s'y faire conduire par un type du garage.
Il n'avait passé en tout et pour tout qu'un seul jour à Paradis.