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Citations de Pierre Pelot (426)


La route montait doucement, serpent de bitume gris dont chaque nouvel hiver gerçait la peau en profondeur, jusqu'à la chair noire. Du centre du village à cet endroit où elle devenait chemin de terre, elle se lovait sur une douzaine de kilomètres, au creux de la vallée de la Goutte, et la montagne couverte de sapins glauques se resserrait toujours davantage. Un peu avant l'étouffement final, le chemin devenait sentier, grimpant à flanc de coteau et conduisant aux ultimes fermes — il ne s'agissait d'ailleurs plus de fermes, mais de résidences secondaires rachetées par des notaires, des bijoutiers alsaciens, des gens pleins de fric.

En début de vallée, les maisons étaient encore nombreuses : en fait, l'agglomération formait quasiment un second village, bien qu'elle ne bénéficiât que de l'identité bâtarde d'un « quartier », d'un lieu-dit. La Goutte.

Les gens qui vivaient là se considéraient d'abord citoyens de La Goutte. Habitants de Vize-sur-Agne ensuite. En vérité, c'était plus ou moins le cas pour les quatre vallées qui formaient le territoire de la commune. Ceux de La Goutté avaient peut-être des racines un peu plus noueuses et crochues que les autres, c'est tout.
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(…) alors, il savait que dehors c'était blanc, c'était froid, reposé, immense, recouvrant un bonheur sans autre vrai nom que « bonheur » qu'il allait découvrir au fil des jours à venir qui se métamorphoseraient petit à petit en glissades, en boules, en pelletages autour de la maison, en bonshommes nez de carotte, en igloo, en romans de James Oliver Curwood et de Jack London, Le Grizzly, CrocBlanc, les Chasseurs d’or, la glace sur la rivière et frangeant les berges des ruisseaux vaut bien celle des lacs du Klondike... Le Dernier des Mohicans, La Prairie, Fenimore Cooper, Bari chien-loup. Les Chasseurs de loups... - la Neige - l'Èté - courir et s'échapper...
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- Vous avez l'air de bien vous amuser, dans cet hôpital, dit Donovan. Le jour même pas levé.

- Si, ici, le jour est levé. Se lève. Et je suppose qu'effectivement on va bien s'amuser tout au long de la journée. Les premiers cas sont en train de nous tomber dessus, ça s'annonce sérieux.

- Le monde est sérieux ?

- Evidemment non, mais il faut bien faire comme si.

La fenêtre de la chambre était noire, encore, les volets clos avec à peine un rai grisâtre trichant entre les interstices.

- Et puis, dit Donovan, il y a ce confinement. Je suppose qu'on n’a pas fini d'entendre prononcer ce mot. C'est la nouvelle tendance, on dirait. Impossible de changer de département, de se balader à plus d'une borne, je crois avoir entendu ça. Et tout le reste.
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Un paysage taillé dans le gris et les couleurs froides, au couteau et à grands coups de brosse d’estompe, un ciel effondré jusqu’à mi pente des montagnes sombres. L’Office du Tourisme local doit bicher.
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Ma mère a tenu le coup dix ans de mieux, en « maison de vieux » pour les dernières années. Elle avait perdu la boule. Elle croyait mon père toujours vivant et quand elle parlait c'était pour préférer des abominations à son encontre et poursuivre l’engueulade qu'ils avaient commencée un peu avant sa disparition... La fin d'une histoire d'amour.

C’est le miel en vieillissant qui change d'initiale et la fait tourner en f

Elle pinça les lèvres, fronça un sourcil, fit :

- Oh... joli !

- Je l’ai longtemps réfléchi... Bref, voilà.
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Elle était néo-punk, elle était socialiste tendance Jaurès, communiste tendance communiste, anarchiste tendance Kropotkine, révolutionnaire tendance Mai 68 loupé de peu, tout cela à la suite et tout cela en même temps, selon la météo et que le vent souffle d'un ou l'autre des points cardinaux, elle était enragée, elle était adorable, son petit nez en l’air en mèche de grenade - un rien pouvait faire exploser la bombe.
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Ce qui ne vient que peu souvent à l'esprit, c'est le nombre de tous ces gens ignorant l'existence de chacun et de tous - tellement de gens éparpillés sur leurs chemins réciproques ~ qui se ressemblent. Physiquement. Des attitudes, des visages semblables, presque semblables, à différents stades, pourrait-on croire, de leur réalisation en cours vers un moment donné de leur achèvement. A quel point les vivants peuvent être en avance sur leur mort, ceux-ci en retard de vie...
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"_Mais tais-toi, le supplia Iris. Repose-toi plutôt, et arrête de parler...
_Je parle, dit-il. Je parle parce que c'est signe que je ne suis par mort et que...tu sais quoi ? Je suis le personnage comique de cette aventure, on n'y peut rien..."
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Une centaine encore. Venus de tout le Sud, principalement d'Alabama. Il y avait des vieux aux rides noires, épais, noueux comme des écorces d'acacia, les cheveux gris sous le képi rond, des vieux avec des yeux comme de l'eau. Et puis des jeunes, des gosses, de ceux qui savent encore pleurer quand la douleur les cogne brutalement au milieu de la course, de ceux qui geignent; des jeunes aux dents blanches qu'ils serrent pour ne pas hurler de peur, ou de mal. Jeunes, vieux, tous groupés au hasard, pères et fils, pareils.
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Les cagoules, aujourd’hui ne sont plus nécessaires : la bête immonde s’avance à visage découvert, multiforme.
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"_L'appel des forces de la mort et de la renaissance dans cette autre vie qui prend le visage de la mort, poursuivit Gilles. Une cérémonie dans la forêt, autour du chaudron magique celte où l'on sacrifiait une ou plusieurs jeunes filles. Pas forcément des vierges...Les pouvoirs alliés dispensés par la pierre magique et les serpes servaient alors à faire surgir les esprits de la guerre. Parmi ceux-ci, la plus sanguinaire de tous. Morrigane.
Après un court instant de silence lourd, la voix de Thomas s'éleva comme un grincement :
_Je suis en train d'halluciner, là, ou bien j'entends really ce que j'entends ?
Gilles ne répondit pas.
_Hé, dit Thomas. Chloé, ho ! Il déconne ou quoi ?
Elle ne répondit pas non plus."
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Quatre coups pour 16 heures...
Duz essaya d'inventer des excuses, de penser à autre chose, à n'importe quoi. Il essaya aussi de se convaincre qu'il avait été fou d'espérer, que personne ne viendrait.
Personne.
C'était ce qui faisait le plus mal... et aussi le moins convaincant.
De nerveux qu'il était, il fut comme épuisé, abattu au pied d'un arbre du potager, avec les copains qui jasaient comme des pies tout autour de lui. Il n'avait qu'à lever la tête pour suivre des yeux la progression des aiguilles de l'horloge ; et simplement bouger le regard pour surveiller l'entrée.
Le dimanche passa.
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Il courut comme on le lui conseillait jusqu’au cabinet médical voisin, s’inscrivit auprès d’UNE docteur (doctoresse ?) de la bande, qui lui fit remarquer lors du premier rendez-vous qu’il avait cinq minutes de retard… Car il faut prendre rendez-vous. Quinze jours de battement nécessaires. Rendez-vous suivant : la doctoresse est absente. Depuis, “elle n’est pas là” (la différence avec absente ?), ensuite elle est en congé de maternité… Le renouvellement d’une liste de médicaments est devenu un parcours du combattant. D’autant plus quand le docteur-remplaçant-la-doctoresse ne précise pas sur ladite ordonnance qu’elle doit être renouvelée trois mois… il faudra y retourner, prendre un autre rendez-vous, afin d’obtenir une nouvelle ordonnance.
Monsieur P. est malade d’être malade. Madame P. aussi est malade, mais elle n’ose pas ébruiter l’affaire, de peur de déranger. Mal au ventre. Trois jours que ça dure. Ça passera, allez.
Le désert médical avance à grands pas. Il n’est plus sous nos fenêtres, il est entré dans nos maisons.
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- Tu t’en fous pas mal que ces petits morveux y tournent autour d’not’ cabinet à la sortie de l’école pour me lancer des pierres…
… et pis qu’ils tapent à coup de pied dans la porte, pis qu’ils essaient de l’ouvrir !!
- T’as qu’à aller chier quand ils sont à l’école…
- L’heure que j’dois y aller, ça se commande pas !
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Nous sommes les mangeurs d'argile, parce que nous nous nourrissons des produits de la terre, grâce à nos mains qui travaillent le sol, pétrissent le pain et forment les poteries, alors que les Supérieurs semblent vivre de l'air du temps. Nous avons toujours vécu de la terre et nous mourrons sur elle. Non, cette partie du monde ne va pas s'effondrer sous nos pieds. C'est nous qui qui nous effondrons, et notre effondrement nous rapproche d'elle. Nous voici au ras du sol, et nous nous gavons d'argile, et bientôt l'argile nous recueillera et nous assimilera. Au moment de mourir, c'est son image que nous verrons, c'est son odeur que nous respirerons. Des mangeurs d'argile.
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_Tu sais, dit Erwann, je pense tout simplement qu'on t'a fait une farce. Il y en a toujours pour trouver ça drôle. Tu apprendras qui dans un moment. Ou pas. Le bizutage qui ne veut pas dire son nom. L’accueil aux nouveaux. C'est pas méchant, juste parfois très con."
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Julien écoute. Il y a mille choses à écouter, et toute la maison qui craque, et les poutres de la charpente qui lancent de temps à autre, ragulièrement, un pet bref et sonore. Il fait chaud. Moite. Pas si chaud qu'en plein jour, bien sûr, mais chaud tout de même.
Trop chaud.
Le drap léger est de plomb sur les jambes nues de Julien, sur son ventre. Il brûle, en ondes serrées, Julien. La sueur coule, en filets, au long de ses tempes, lui chatouille l'oreille, et tombe avec un petit bruit sur l'oreiller de plumes trop mou. Il pourrait presque entendre battre son coeur. Il l'entend. Chaque battement lui résonne au fond de la gorge, sourd, profond.
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Ç’avait toujours été un de ces types qui naissent maigres et le demeurent jusqu’à ce que mort s’ensuive en dépit des pires excès. En un mot, une crevure.
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- Et pourquoi s'en aller, t'es fou ? Il y en a du soleil ici, et on est si bien.
- Nom de Dieu, Roulette ! Tu crois pas si bien dire : on est bien comme dans un livre. Et c'est ce que j'ai dans l'idée de faire, justement ! Je vais écrire des policiers. J'y pense depuis un bout d'temps. Ça fait trente ans que j'en lis, n'importe qui aurait pu les écrire ! Même moi.
(p. 21 de la BD)
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J'aime assez les histoires de science-fiction, bien que pour les pisse-froid de la littérature cela passe pour un genre destiné aux débiles.
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