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Citation de Cielvariable


On sait à peine que c'est le milieu du jour. C'est vague. Mais on sait qu'avant le soleil était dur, et cru, et blanc. Avant, toute la plaine - une plaine, cette peau calcinée, boursouflée, tout encombrée de cannaies et de halliers. Une plaine, ça ? - avait sur le dos comme une grande couleur de brûlé. Voilà. Une couleur qui avait le même goût, la même odeur que ce sacré soleil planté haut dans le toit bleu du monde.

On sait que des mamelons roux s'étiraient nonchalamment à cet endroit, que l'air était parfaitement immobile, aussi transparent que l'eau claire de la rivière. Que des oiseaux, quelque part, se démenaient tout ce qu'ils savaient pour attirer l'attention.

On sait qu'il faisait chaud et que les chemises moites collaient aux creux des reins, que le pas du cheval avait un effet soporifique, que l'envie de parler était tombée depuis bien longtemps. Que les lèvres et la langue étaient sèches, les mains poisseuses de sueur, et que le chapeau ressemblait fortement à une sacrée petite étuve posée sur la tête.

On sait tout cela, avant.

On ne s'y arrête pas : on pense à tout autre chose.

Puis, cassant le tout, ébranlant ce monde - on tire sur les rênes oubliées, les yeux se dessillent, la pensée s'éveille avec l'œil ouvert ou plissé -, se produit la rencontre.

Aussi, lorsque plus tard Dylan Stark et Hilkija Britton raconteront ce moment, ils ne pourront dire avec exactitude à quel moment précis de la journée il se produisit, ni quel était le trajet parcouru depuis le matin, ni combien d'oiseaux chantaient dans les buissons que léchait la rive de la Tombigbee River.
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