Extrait 2
Don Fernand : Bien ! Je vais donc vous dire la chose. Je suis très perturbé par l’éducation de mon fils, le prince Albert. Il va bientôt avoir dix-huit ans, mon Bébert, il a plein de boutons sur le tarin et autour des mirettes. Il ne connaît rien des greluches et des techniques amoureuses.
Don Diègue : Voilà une triste histoire, Mon Souverain !
Don Gomès : Quelle misère !
Don Fernand : De plus, Monsieur a la cafetière complètement enfumée. Il s’avachit toutes les journées sur son sofa ; il tchatche avec des attardés sur son écran magique.
Don Diègue : Quel malheur !
Don Gomès : Tout fout le camp !
Don Fernand : Par ailleurs, Albert n’est vraiment pas fortiche avec les mathématiques.
Don Diègue : Pfffffff !
Don Gomès : Ah, la jeunesse !
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Don Fernand : Quant à sa langue natale, c’est désastreux ! Il a du mal à s’exprimer oralement, la menteuse fourche entre les syllabes. On dirait qu’une bestiole lui a chié au fond du gosier ! Pour l’écriture, c’est pire ! Comment se fesse* ? me direz-vous. C’est à cause… à cause du laxisme éducatif, du « faut laisser agir selon les désirs », de la méthode globale, et j’en passe ! Ah, si je tinsse* les couillons qui ont créé ce merdier ! Déjà, les mômes ne sont pas des flèches !
Don Diègue : Et puis, ils ne lisent plus, Votre Majesté ! À notre époque, on s’instruisait. On regardait très peu la téloche. De temps en temps, on jouait aux castagnettes et aux toreros. Mais aujourd’hui, il y a tellement de gadgets !