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Citation de Charybde2


La tarte à la crème est une image de la perfection, au moins d’une perfection graphique d’un point de vue comique : ronde et agréable, on a déjà eu l’occasion de le dire, onctueuse mais sans jamais rien céder de sa rudesse au profit d’un moelleux trop facile, celui des périodes de décadence et des esthètes sans ossature – la tarte à la crème est aussi parfumée, douce et cinglante à la fois, elle véhicule le plaisir régressif du dessert mais avec dignité, la dignité des choses sans chichi – et puis, comme elle est discoïdale, elle est un parfait projectile : c’était ça, le disque, ou la ligne droite du javelot, à cet égard les Grecs avaient déjà tout compris (il y a bien le lancer de marteau, mais c’est une fantaisie passagère, et si on en croit Aulu-Gelle, les Grecs en avaient un peu honte). Je tombe peut-être dans le piège de l’historien amateur mis en présence des faits advenus ; il rassemble les circonstances, il compile les explications et puis compare l’événement à ses explications, il les rapproche, il les accouple au cours d’une cérémonie de noces accomplie en famille : les faits justifiés par les explications, les explications confirmées par les faits – à coup sûr, si Stan Laurel avait lancé un chou farci à la figure d’Oliver Hardy, on serait séduit par son évidence, on parlerait ici de la vertu comique du chou, du chou batailleur, de l’iconographie du chou depuis Nicolas Poussin, du chou expressionniste, du chou chez Eisenstein, de la malice yiddish à Hollywood importée dans un chou farci comme dans un berceau mosaïque ; et cette rondeur, et ces feuilles comme des ailes d’ange de basse-cour, la farce sylleptique, cette allure de tête ébouriffée, joufflue, et cette façon de s’écraser (d’atterrir) avec un bruit de baiser mou.
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