AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072854897
164 pages
Gallimard (09/01/2020)
4.33/5   3 notes
Résumé :
"On a voulu faire en sorte que chaque tarte ait un sens", déclarait Stan Laurel à propos de La Bataille du siècle (1927), la plus longue bataille de tartes à la crème de l'histoire du cinéma muet. Prenant cette déclaration très littéralement, Pierre Senges suppose la présence de "significateurs de tartes" sur les plateaux de tournage, tout en nous contant les secrets de la Los Angeles Cream Pie Company, chargée de fournir ces projectiles pâtissiers aux studios de... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Projectiles au sens propreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La tarte à la crème de cinéma en objet industriel vertigineux et spéculatif. Une redoutable percée intellectuelle, joueuse et pâtissière.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/06/24/note-de-lecture-projectiles-au-sens-propre-pierre-senges/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une déclaration de Stan Laurel
Des tonnes de pâtisserie, des quantités de crème véritable mesurées en litres, ou plus sûrement en onces, pintes et gallons : la quantité à Hollywood est un défi d’artiste producteur, la concurrence à l’art total, et la réponse des esprits pragmatiques au nom du « il faut ce qu’il faut ». On reviendra plus tard sur ces mesures extravagantes, on reviendra aussi sur la manière de bien fouetter la crème – d’ici là, il faut négliger l’abondance pour s’en tenir au détail singulier et s’intéresser de plus près à une phrase, une seule, dite un jour à un représentant de la presse par Stan Laurel le comédien, Stan Laurel le réalisateur, celui de Laurel & Hardy, à propos de bataille de tartes (il faisait allusion à La Bataille du siècle, tourné en 1927, oeuvre où la crème débordait ; il parlait en parfaite connaissance de cause, testamentaire et sain d’esprit) : On a voulu faire en sorte que chaque tarte ait un sens. Ainsi, nous voilà prévenus : il y a eu les milliers de tartes, les quintaux de farine, les litres de crème, des bras de galériens pour la fouetter dans des manufactures à l’aube, des dollars par milliers aussi, des kilomètres de pellicules, de ces batailles comme des gesticulations de fête du printemps en hiver, des transes collectives, des piétinements de profanateurs et d’iconoclastes, le plaisir très grossier de voir un monsieur en costume enrobé par la crème depuis le bout de sa cravate jusqu’à la pointe de ses cheveux, et le rire là devant était un rire fondamental, sans Freud et sans Bergson, sans trait d’esprit, c’est à peine si on pensait à Aristophane, on n’en avait pas le temps, une tarte suivie d’une autre tarte et l’étoile de la crème sur des visages ahuris nous auraient fait ravaler nos références, la honte se mêlait à la joie ronde et pleine, on voyait dans ces batailles de pâtisseries un antidote à Schopenhauer, ou à la Grammaire de Port-Royal – eh bien, non, on avait tort, tout cela avait une signification : du moins chaque tarte l’une après l’autre, m’entendez-vous ? chacune d’entre elles avait un sens et s’écrasait avec son sens sur des visages de comédiens.
Commenter  J’apprécie          00
La tarte à la crème est une image de la perfection, au moins d’une perfection graphique d’un point de vue comique : ronde et agréable, on a déjà eu l’occasion de le dire, onctueuse mais sans jamais rien céder de sa rudesse au profit d’un moelleux trop facile, celui des périodes de décadence et des esthètes sans ossature – la tarte à la crème est aussi parfumée, douce et cinglante à la fois, elle véhicule le plaisir régressif du dessert mais avec dignité, la dignité des choses sans chichi – et puis, comme elle est discoïdale, elle est un parfait projectile : c’était ça, le disque, ou la ligne droite du javelot, à cet égard les Grecs avaient déjà tout compris (il y a bien le lancer de marteau, mais c’est une fantaisie passagère, et si on en croit Aulu-Gelle, les Grecs en avaient un peu honte). Je tombe peut-être dans le piège de l’historien amateur mis en présence des faits advenus ; il rassemble les circonstances, il compile les explications et puis compare l’événement à ses explications, il les rapproche, il les accouple au cours d’une cérémonie de noces accomplie en famille : les faits justifiés par les explications, les explications confirmées par les faits – à coup sûr, si Stan Laurel avait lancé un chou farci à la figure d’Oliver Hardy, on serait séduit par son évidence, on parlerait ici de la vertu comique du chou, du chou batailleur, de l’iconographie du chou depuis Nicolas Poussin, du chou expressionniste, du chou chez Eisenstein, de la malice yiddish à Hollywood importée dans un chou farci comme dans un berceau mosaïque ; et cette rondeur, et ces feuilles comme des ailes d’ange de basse-cour, la farce sylleptique, cette allure de tête ébouriffée, joufflue, et cette façon de s’écraser (d’atterrir) avec un bruit de baiser mou.
Commenter  J’apprécie          00
Ronde et agréable
Ainsi était la Lune selon Monsieur Cryptogame, sorte de grand dadais maladroit en amour inventé par Rodolphe Töpffer – et il ajoutait : ronde comme un fromage, agréable comme une lanterne, peut-être par souci de précision, en vérité pour recourir à la comparaison, vaille que vaille, broder autour d’une idée de cercle, échapper en brodant au désarroi, à la gêne éprouvée chaque fois qu’on lui montrait la Lune, qu’il s’obligeait à lui faire face et la trouvait une fois de plus lointaine, énigmatique. Il aurait pu dire encore pâle et crémeuse, comme certains visages et comme un paradis perdu ; mais le temps lui a manqué, ou bien le sens de l’à-propos, et le fromage avec la lanterne suffisaient pour le réconforter, sur le moment, ce grand timoré.
Il ne sera pourtant pas question ici de Lune, ni celle de Cryptogame, ni celle du savant Cosinus, ni celle de Cyrano de Bergerac, qui inventait des machines pour la rejoindre ou se vanter de le faire bientôt avant de nous les léguer, impraticables et distrayantes – rond, agréable, pâle et crémeux, ce n’est pas le fromage non plus, chassé du paradis, mais un objet de convoitise : la tarte à la crème, et avec elle l’ensemble des tartes depuis 1913, le concept de tarte, la tarte-signifié, la tarte-signifiant, les batailles engendrées par elle et les figures concernées.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Pierre Senges (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Senges
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
+ Lire la suite
autres livres classés : non-senseVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
147 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}