Les minutes tombent. La nuit s'infiltre dans tous les recoins de la ville comme une bête énorme et fureteuse. Chacun se prépare à quelque chose. Au Dahlia-Club, un petit café chic sur le mail, un homme de 50 ans, maigre, au front bombé dégarni, aux longs cheveux grisâtres qui lui touchent les épaules, à l'air inquiet, au visage buriné dans lequel est planté un nez en bec d'aigle, boit un panaché, installé à une table. Il est en train d'écrire sur un bloc. Ses mains sont fines, noueuses, bronzées. Il trace les premières lignes de l'édito qui paraîtra demain dans le journal local.