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Critiques de Pierre Van Tieghem (3)
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Dans l'ombre

Dans ce huitième art qu'est la photographie, il y a de très grands noms comme l'immense Gaspard-Félix Tournachon... dit Nadar qui, excusez du peu, a portraitisé des Baudelaire, des George Sand, des Victor Hugo, et qui disait, je le pense avec un peu de malice mais aussi beaucoup d'expérience et de lucidité : " La photographie est à la portée du premier des imbéciles, elle s'apprend en une heure. Ce qui ne s'apprend pas, c'est le sentiment de la lumière …et encore moins l'intelligence morale de votre sujet … et la ressemblance intime."

Plus près de nous Henri Cartier Bresson affirmait : " Photographier c'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'oeil et le coeur."

Quant à Robert Doisneau, ce qu'il cherchait dans son art, c'était : " Saisir les gestes ordinaires de gens ordinaires dans des situations ordinaires ."

Si j'ai choisi "ces monuments" du 8ème art et ces citations en particulier, c'est qu'ils synthétisent, pour partie, l'approche et le travail de création de Frédéric Cornu dans cet ouvrage - Dans l'ombre -, introduit par un texte de Pierre van Tieghem ( un excellent texte au passage...).

Frédéric Cornu a partagé pendant un an et demi la vie d'une association caritative dédiée aux plus démunis.

Il va y installer son studio, portraiturer 48 visages appartenant à des bénéficiaires, des travailleurs sociaux et des bénévoles.

" Drapée dans un paréo noir qui ne laisse échapper que la tête, chaque personne est photographiée en plan rapproché."

Comme nous l'explique Pierre van Tieghem dans son texte d'introduction :

" Depuis tant d'années dédiées au portrait, c'est en pleine conscience et possession de toute cette immense problématique que Cornu en prend résolument le contrepied et, tendu vers un unique objectif : célébrer le visage, décide de dépouiller à l'extrême les images de Dans l'ombre. Rien ne doit transparaître de l'ancrage social et rien ne doit nous extraire du visage. le visage est libéré. Mais nous, nous en sommes prisonniers. Impossible de nous en détacher car, pour éradiquer toute esquive, pour nous contraindre à le prendre en considération, il nous fait face. Qu'ils nous fixent ou qu'ils se perdent dans le hors-champ, les yeux sont le catalyseur de l'expression du visage. Plus encore : en eux-mêmes, par essence, se livre tout entier le modèle, son intelligence, ses sentiments, les forces – bonnes ou mauvaises – qui l'animent."

Nous sommes confrontés à un mixte troublant entre la photo d'identité à ses origines, telle que l'a voulue Alphonse Bertillon, à "l'ordinaire" des gens ordinaires de Doisneau et aux esquisses d'un de Vinci dans ses célèbres carnets.

C'est une expérience étrange que de se sentir à la merci de ces visages et de leurs regards qui vous dévisagent.

Ils ne sont pas beaux, d'une beauté par erreur, d'une beauté liftée, botoxée, jeunisée, selfiesée... voire peoplisée.

Ils sont pour ceux qu'ils sont.

Comme le dit Lévinas : ces visages m'ont et me désarment.

Ignorant tout d'eux, ne me livrant que le silence hurlant de leurs yeux, ils me crient que "Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres".

Un texte et 48 portraits "dérangeants" !!!

Un grand merci à Masse Critique et à Babelio pour ce voyage... pas comme les autres !

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Dans l'ombre

Ce livre a été une véritable découverte artistique. Frédéric Cornu a réalisé le portrait de 48 personnes dans le cadre d'une association caritative de la région lilloise. Il a travaillé dans cette association pendant un an et demi, a côtoyé, a accompagné cette population en difficulté, a appris à les connaître et a voulu les photographier. Il s'agissait de ne pas tomber dans le voyeurisme en présence des personnes un peu en marge de la société, socialement en difficulté en raison de maladie, de problèmes familiaux, ceux qu'on appelle les personnes aidées. Frédéric Cornu a voulu mêler à ces portraits, ceux des personnes aidantes, soit bénévoles, soit professionnelles (éducateurs, personnel administratif...). Mais le but était de gommer tout signe distinctif pouvant rappeler à quelle catégorie sociale appartenaient les personnes photographiées. Donc, au revoir aux vêtements, bijoux, lunettes...le décor est un fond noir et le seul vêtement sur chaque portrait est une cape noire posée sur les épaules. Le visage sort de l'ombre d'où le titre du livre "Dans l'ombre". Le visage est le seul indice pour montrer les traces de la vie et on se surprend à se demander si cette femme ou cet homme sont en difficulté ou sont des aidants. L'auteur y a même glissé son propre portrait. Quand on devine dans quel "camp" se trouve la personne, on ne sait jamais si on a raison. Du coup, ça remet nos préjugés en cause.

Tout le monde est photographié exactement de la même manière, aucune liberté d'action n'est accordée au sujet. Chaque visage est positionné de face, les deux oreilles visibles.

Un beau travail où l'auteur a su rester sur la corde raide, sans basculer d'un côté ou de l'autre.



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Dans l'ombre

48 portraits émaillent ce livre. Portraits sans fioritures, sans apprêt, juste un visage. Et rien ne transparait de ce visage, à la demande du photographe.

Se vêtir d'un paréo noir pour occulter le code vestimentaire, ne pas sourire, ne pas laisser transparaître d'émotions, fixer droit devant l’objectif, cadrage court, pas de fond, le plus de neutralité possible.



Cela relève presque de la photo "carte d'identité", mais au contraire de celle-ci, ces photos nous livrent un identitaire pur. Tous ces personnages ne sont pas identifiables, mais proviennent tous d'un même lieu d'accueil, qu'ils soient bénévoles, travailleurs sociaux ou bénéficiaires, rien ne les distingue.



Ces photos sont une mise à plat de qui nous sommes réellement, une fois tous les "artifices" retirés, un visage qui ne peut réellement conter une histoire.



Une belle ode à toutes ces personnes qui se sont laissées photographier, leur rendant leur humanité de par l'uniformité choisie comme cadre.



Merci à babelio et Masse Critique pour cette découverte qui m'a ouvert les yeux sur un autre pan de la photographie.
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