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Je traduis du Shijing un long poème — ventre
vide, gorge irritée et poumons pleins de gaz :
un nuage (légère grappe aux mille fesses)
lâche sur l'avenue quelques vesses toxiques ;
puis je marche jusqu'à rare, un banc, où j'avale
un sandwich de Dodu blanc de poulet-mayo
pendant qu'au casque dégoulinent les propos
de suspects candidats à la présidentielle.
Je vais boire un café à la boulangerie.
Au milieu des poupées offertes à l'ennui,
encombrées de désir inutile, je songe
que le poème est comme une couette : il protège
le fragile giron abandonné. Traduire,
se faufiler, c'est jouir — dans la muse d'un autre.
// à paraitre le 04 janvier 2019