Pierre Vinclair
EAN : 9791095997139
136 pages
Lurlure
(01/04/2019)
3.5/5
2 notes
Sans adresse
Résumé :
Sans adresse est un recueil de sonnets écrit durant les derniers mois que Pierre Vinclair passa à Shanghai. Après sept ans à l’étranger, le temps se fait long, l’auteur s’ennuie des siens ; en même temps, la métropole chinoise continue de changer sous ses yeux, offrant un visage toujours renouvelé. Dans une double filiation – les Regrets de Du Bellay et les “Tableaux parisiens” de Baudelaire – le livre aurait pu s’appeler “Regrets shanghaïens”.
Il ne ...
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critiques presse (1)
Lumineux et réflexif, intime et contemporain, le livre de poésie le plus enthousiasmant de ce début d’année est donc un recueil de sonnets.
Lire la critique sur le site : Liberation
(6)
Tu manges sans gluten... Je suis flexitarien.
Tous les soirs, je mitonne (incroyable il y a peu)
humblement – tarte, tian, lasagnes... – quelque plat.
On a beau se connaître, on ne se prévoit rien.
Je n’imaginais pas parler le japonais
en partant pour Kyoto... moins encore être en Chine...
Et dans un mois je passe un C1 de chinois !
(Mais si je change, c’est parce que je prends racine.
Car alors qu’à Hong Kong on m’écartait d’un poste
pour lequel je n’avais aucune compétence –
à Shanghai, son patron encourageait Clémence
à un énième tour de piste. Chaque année,
Jean-François, je te dis que je pars – et je reste :
chaque nouvel effort tourne la même vis.)
(43)
Je traverse la ville au milieu des sonates
de Beethoven — fin du vacarme. Les moteurs,
les cris ont disparu. Je suis devenu sourd
au-dehors, seul avec la musique au-dedans.
Seul, ou te regardant dans ton salon, Manu,
penché sur le laqué noir, étal, du piano
s'éveillant, rugissant, jument sous tes experts
chatouillis — c'est l'opus 106, "Hammerklavier"?
Je suis en train de l'écouter. On est déçu,
presque, à l'idée qu'un tel mouvement ait des règles,
réponde à une partition — à du solfège !
On se croirait plutôt en haut d'un précipice
où, de sa pointe infime, un affect libre trace
aux nuées les contours virevoltants de l'être.
// à paraitre le 04 janvier 2019
(51)
Dans les campagnes, bleues comme des hématomes,
les touffes d'agnelets écrasés, poussant leur
part d'effroi, ou de haine, ou de joie — pauvres gens —,
élèvent en prière un bêlement ignoble.
Le chômage, la mort de Dieu, Dieu, la Finance,
mes frères, sauriez-vous d'où provient leur souffrance?
Quelque chose étourdit la France, endolorie,
qui s'en va, roulant sur elle-même, à l'abîme.
"Qui pleure ainsi ?", s'enquiert Iesus Triumphator
à l'avant de son char, dans son habit moulant
aux deux modernités bien visibles, de faune
par les nymphes chéri, célébrant le Spectacle
en Marché, — "qui ne jouit pas, qui pleure au concours
des suçons ? Je vous aime ! (Accélérons le pas)".
// à paraitre le 04 janvier 2019
PRISES DE VERS AVEC LAURENT ALBARRACIN (74, 75)
(75)
En effeuillant un brin de thym sur mes lasagnes,
je songe aux beaux tableaux des lettrés de jadis
où la trace d’une encre de Chine, au lavis,
en bambou nonchalant, pleure sur les montagnes.
Ce n’est pas le bambou poussant dans les campagnes ;
ni sur l’échafaudage en marge du parvis
de Jing’An ; ni sur le marché, près des radis ;
ni le jô d’aïkido, servant quand tu castagnes…
Est-ce une chose, ce bambou ? Moins qu’une image,
c’est un geste, trace épurée, l’Unique Trait
de pinceau dont parle Citrouille-Amère (un sage
chinois ancien) ; pas une chose ; un schème abstrait.
Lasagnes sans objet, thym aveugle, poème
fondant en bouche, on peut vous déguster quand même.
//P. V. PIERRE VINCLAIR
PRISES DE VERS AVEC LAURENT ALBARRACIN (74, 75)
(74)
Tant va la cruche à l’eau qu’elle en prend les reflets,
La teinte vineuse du début de la fin,
La couleur usée de la mer, d’étain déteint,
Qu’elle fait apercevoir sur ses flancs replets.
Allant de la vase au vase et du vase au vague,
Le poème, dans un aller-retour qui fore
En ramant dans la mer, sans y pêcher d’amphore,
Rapporte au moins une forme du fond qu’il drague.
Si tu veux surfer sur la télé de la mer,
Vas-y, je t’en prie, sois nouveau et méthodique,
Prends la vague dedans les tubes cathodiques,
Et fais gaffe dans le spot au publicitaire.
Amusons-nous au sein des failles exiguës
Et polissons nos vers pour qu’ils soient ambigus.
//L. A. LAURENT ALBARRACIN
L'écrivain et poète Pierre Vinclair a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot.
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Chapitres:
0:08 Comment faire pour fabriquer des poèmes qui soient le plus lisibles possible, accessibles en même temps que mystérieux?
0:35 Avec quel poète ou écrivain aimeriez-vous passer une soirée au coin d'un feu?
0:44 Que pensez-vous de cette citation? «Un bon poète n'est pas plus utile à l'état qu'un bon joueur de quille.» François de Malherbe
0:56 La poésie est-elle toujours affaire d'émotion, de sensation ou de sens?
1:35 Qu'est-ce que la poésie par rapport à la prose ne peut pas ou ne sait pas dire?
2:40 Pensez-vous que la poésie sauvera le monde?
2:45 Vous souvenez-vous de votre premier poème?
3:31 Que pensez-vous de cette citation? «Plus que mode de connaissance, la poésie est d'abord mode de vie.» Saint-John Perse
5:56 Remerciements
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