Lévi-Strauss emploie systématiquement le genre neutre tandis que Chateaubriand en visite chez les Sioux décrit une femme siouse. De toute façon, pour nous conformer à l’usage contemporain, nous avons donc modifié le mot Cris selon le genre. Quant au terme inuit (inuk singulier, inuit pluriel, nous l’avons laissé tel quel, suivant le linguiste Louis-Jacques Dorais).
Le terme Cris : dans l’original, nous avions conservé le neutre à la graphie de Cris, contrairement à l’usage répandu de le modifier selon le genre. La confusion entre les Cris (autochtones) et les cris (nom) existe qu’elle soit au pluriel ou au singulier, de même que Crise par rapport à crise, ou crie du verbe crier, d’où ce peuple ne tire absolument pas son étymologie. L’anglais a facilité la distinction en écrivant Cree pour désigner la grande nation algonquienne qui va de la baie James aux Plaines.
Cris est une déformation de Cristinaux, Kilistinaux, Kilistinons tirée de Kenistenoag dont parlent les Relations de Jésuites dès le XVIIe siècle. Vers 1640, les Relations décrivent d’abord sous ce nom les peuples de la baie James et vers 1660 ceux de l’Ouest.
Par exemple, Montagnais (Innu) tire son origine de montagne (montagnars dans la langue du XVIIe parce que leur région présente un relief accidenté sur le Bouclier canadien), d’où la logique de dire une Montagnaise. Quoi qu’il en soit, on a enfin rendu aux autochtones leurs lettres originelles et si les Inuit ne sont plus des Esquimaux, les Innus des Montagnais, il n’en va pas de même nécessairement pour les Cris ou d’autres Premières Nations qui, tout en préservant le nom de leur peuple dans la langue, sont connus sous celui qui est le plus répandu, ainsi Cris pour Eeyou.