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Citation de Tandarica


Ce n’est pas par hasard si la maturation de l’idée que se faisait Brancusi de la sculpture en tant qu’objet autonome s’effectue dans une série d’œuvres en forme de tête, la série des « Nouveau-Nés ». La tête était la forme à la plus forte charge affective qui se puisse concevoir, le volume qui renferme ce mystérieux dispositif électrochimique qu’est le cerveau. Et la tête du nouveau-né, avec son extrême fragilité, la façon dont elle recèle la vie future, de même qu’un œuf, correspondait exactement à l’idée de l’objet a supercharge affective.
Mais alors, les Nouveau-Nés sont-ils des représentations de têtes ? Pas vraiment. De toute façon, il importe beaucoup plus qu’ils soient des objets fabriqués à partir de divers matériaux, et dont la forme extérieure contient une force intérieure, à l’instar du cerveau. La forme est la matérialisation du sens, du contenu. En ce sens, ce contenu, est le plus fort possible, c’est la force vitale. La forme, c’est la forme essentielle. D’un geste majestueux, en un temps bref, Brancusi fait entrer la sculpture dans un âge d’or, où un objet devient une sculpture parce qu’il est investi d’un pouvoir existentiel. On pourrait dire que ses sculptures deviennent des objets sacrés, mais elles ne ressortissent pas à une religion. À l’origine, quand elles furent réalisées, elles ne s’appuyaient sur aucune acceptation ou convention culturelle, elles devaient faire sentir leurs forces par leur puissance propre, sans aucune explication, littéraire, religieuse, ni aucune autre sorte d’enjolivure. Les forces existentielles devaient rayonner de la forme de l’objet avec l’évidence de la clarté solaire. Elles devaient être des objets fabriqués par l’homme qui résumaient la force de l’homme.

(extrait de la préface de Pontus Hulten, p. 9)
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