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Citation de Tandarica


À notre arrivée à Paris en 1947, Constantin Brancusi nous demanda de rester à ses côtés et nous installa dans un atelier voisin du sien. Brancusi avait alors 71 ans. Il nous fit les confidents de ses idées, nous amenant ainsi à une pleine compréhension de son esthétique. Brancusi fut toujours préoccupé par le sort que connaîtrait son œuvre après sa mort. Tant que nous fûmes près de lui, il nous fit souvent part de ses inquiétudes à ce sujet.
Quand il fit son testament en 1956, il spécifia qu’après son décès les biens de son patrimoine seraient confondus avec les nôtres (article 1002 du Code civil), à l’exception d’un legs particulier fait à l’État français.
C’est ce legs à l’État qui a permis, selon la volonté de l’artiste, la reconstitution de son atelier d’abord au musée d’Art moderne de l’avenue du Président Wilson, puis au centre Georges Pompidou.
En nous instituant ses légataires universels, Constantin Brancusi nous faisait ses ayants droits et nous investissait du droit moral sur son œuvre.
Il agissait ainsi en pleine connaissance de cause, sachant parfaitement qu’il nous donnait de ce fait et donnait à nous seuls le droit d’effectuer, dans les formes légales, les tirages de ses œuvres.
[…]
Contrairement à ce que pensent ceux qui ne l’ont pas connu, Brancusi, comme tous les sculpteurs, désirait que chacune de ses œuvres fût visible et admirée, en même temps, dans différents pays. On ne peut trouver dans les écrits et les propos de Brancusi aucune indication montrant qu’il voulait réserver la diffusion de son message aux seules œuvres de bronze ou d’acier réalisées avant sa mort. Bien au contraire, il a conservé ses moules dans son atelier et, loin d’interdire leur emploi, il nous a, en nous faisant ses légataires universels, « ses enfants » comme d’ailleurs il nous appelait devant tout le monde, transmis son droit moral, ce qui (et il nous le répétait souvent) nous conférait, entre autres, le droit exclusif de procéder à des fontes à partir de ses moules.

(pp. 270-271, Natalia Dumitresco & Alexandre Istrati)
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