L’angoisse est connue de tous, dès l’enfance, et tous savent qu’elle est souvent neutre, indifférenciée. Elle porte rarement une étiquette écrite lisiblement et indiquant sa cause ; lorsqu’elle la porte, elle est souvent mensongère. On peut se croire ou se déclarer angoissé pour une cause, et l’être pour tout autre chose : croire qu’on souffre à cause de l’avenir et souffrir au contraire de son propre passé ; croire qu’on souffre à cause des autres, par pitié, par compassion, alors qu’on souffre pour des raisons qui sont les nôtres, plus ou moins profondes, plus ou moins avouables et avouées […]