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Citation de FRANGA


FRANGA
15 septembre 2013
Quand j'ai revu mon mari pour la première fois après notre séparation, j'ai compris, à mon plus grand étonnement, qu'il me détestait. Je ne l'avais jamais vu détester personne. : c'était comme s'il était empli d'une chose qui n'était pas lui, contaminé, un littoral défiguré par une marée noire. Pendant des mois, une haine noire et toxique avait coulé de la blessure mortelle qu'avait reçue notre mariage, elle avait coulé par toutes les sources et toutes les issues qu'elle trouvait, imprégnait tout, recouvrait les enfants comme le pétrole recouvre la tête duveteuse des oiseaux de mer. Je me souviens qu'à la fin, j'avais l'impression d'être face à une digue cédant peu à peu, la disparition de la courtoisie et de la circonspection, la perte de la civilité et du contrôle de soi : ces moyens de défense semblent définir le noyau formel du mariage, de la relation, exprimer clairement ce qui sépare deux personnes. Sans eux, nous perdrions notre forme. La forme est à la fois sécurité et emprisonnement, ce qui protège et disjoint : la forme, au bout du compte, masque la vérité comme le corps masque le cancer qui le détruira. La forme est rigide, inviolable, terriblement correcte ; c'est son point faible. La forme peut être brisée. Elle tolère la variation mais pas la transgression. Elle peut être brisée, mais à quel prix ? Et en cas de destruction, par quoi la remplace t-on ? La seule alternative à la forme est le chaos.
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