Rafik Ben Salah a fait ce que les habitants de son village natal tunisien n ‘aiment pas du tout : il est parti, alors qu ‘Allah est grand et que sa mère très certainement le lui avait fortement déconseillé: il habite le canton de Vaud.
Dans son recueil de nouvelles “ le harem en péril” , il ne fait pas bon s ‘enrichir, ce serait la preuve que l on a fait sans doute des choses pas claires, et, au village, on aime que les choses soient claires.
Il y a des rumeurs, des soupçons, des supputations si l’on veut partir en Europe par exemple. On n’est pas bien au village, par Allah? Pourquoi aller dans un village voisin ?
C ‘est louche, vous en conviendrez.
Le comble, c’est de partir étudier à l étranger « pour prétendre empoigner la science des Roumis et égaler le savoir faire des dentistes occidentaux »ce qui n’est ni nécessaire ni non plus recommandable. Cela cache quelque chose, mais quoi ?
Comme il n’y a apparemment pas la télévision au village ( et d’ailleurs Allah dans sa clairvoyance n’en a pas voulu ) les villageois se font des films, avec toujours Allah comme témoin, celui dont on évoque la science( d’où l’inutilité d’étudier), la clémence ( ce qui permet de condamner une petite fille malade, en pensant qu’elle est enceinte) et le désir de vérité .
Bravo, Rafik Ben Salah, pour ce recueil presque anthropologique, drôle, jamais grinçant, relatant une vie au village d’ où les habitants ne veulent pas partir.
Au nom de quoi tout le monde ment.
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Rafik Ben Salah, écrivain d’origine tunisienne vivant en Suisse, revisite le mythe de Guillaume Tell, Héro fondateur de l’état helvète, sous forme d’une fable racontée par une improbable émigrée suisse en Tunisie. Le récit est distrayant, bien écrit et bien documenté. J’imagine très bien que l’ambiance autour de cette conteuse relate une certaine vérité et nous ne sommes pas loin de se prendre au jeu et de se retrouver par la magie de ces lignes en Tunisie à écouter notre conteuse… Distrayant et vite lu, à recommander à ceux qui veulent passer un bon moment en revisitant le fameux mythe suisse… Nationalistes s’abstenir!
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Le quotidien de villageois tunisiens. Entre jalousie et rumeurs, les gens parlent et imaginent des tas de choses sur chacun.
A travers ces dix nouvelles, Rafik Ben Salah témoigne du mauvais côté de l’Homme, souvent au détriment des femmes et des « petites gens » mais aussi de ceux qui sont partis ailleurs ou qui reviennent au pays après des études notamment. J’ai beaucoup apprécié la première nouvelle de ce recueil « La viande morte » où une jeune fille, accusée d’avoir fauté serait enceinte, alors qu’en fait, elle a une grosseur, bénigne ou maligne, qui fait gonfler son ventre. Et aussi «Le taxi ou l’agneau » dans laquelle un père, pour faire plaisir à ses enfants, met en péril son travail et les moyens de subvenir aux besoins de sa famille. Pour les lecteurs sensibles, abstenez -vous de lire « La bonne cuisine » que j’ai encore du mal à « digérer ».
L’écriture est belle, ironique parfois et émaillée d’expressions locales. Une belle découverte.
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