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Citation de Rorty


Lecture achevée le 29/05/2020, alors isolé, je n’ai appris la mort de Georges Floyd que quelques jours après. Les racines du mal, là depuis des siècles, font une nouvelle fois surface de manière tragique. Avant d’entreprendre la lecture de ce livre, je venais de finir celle du « bruit et de la Fureur » de William Faulkner, avant celui de Toni Morisson « Beloved », et quelques mois encore avant « Les aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain. Le roman de Ralph Ellison complète ici la découverte de la vie des afro-américains et des « poor white trash ».
Puis, un témoignage reçu via internet le 4 juin, celui d’un français vivant aux Etats-Unis, nous rappelle que là « où tout est rapport à l’économie », à l’argent, « dans une ville de 10 000 habitants, dotée de bonnes écoles où il y a 2 à 3 familles d’origine asiatique, 1 à 2 de noirs, et 1 « latino » ; à 45 minutes de là , il y a des maisons qui ne valent pas 5 à 10% le prix de celles de cette ville où il réside. Le chômage, la criminalité, des écoles où les enfants n’ont aucune chance d’apprendre quoi que ce soit pour accéder à un enseignement de qualité et par conséquent supérieur. Il est allé dans cette autre ville avec sa fille, il y a rencontré des gens avenants. Un afro-américain sort d’un commerce, se dirige vers eux, que voulait-il, notre français a eu un peu peur… mais très vite il a eu honte… cet afro-américain avait préparé à sa fille une grande glace juste pour la consoler ». Là, ce n’est un roman mais la vraie vie, celle d’un peuple qui selon lui a eu de « l’espoir avec un président de type afro-américain ».
Ecrit en 1947-48 et publié à New York en 1952, « Homme invisible, pour qui chantes-tu ? » s’inscrit à la suite des prêches de Marcus Garvey à Harlem (1918-22), avant celles de Malcom X (années 1950), celles de Martin Luther King avec la lutte des droits civiques (année 1950-60) et le Black Panther Party (fondé en 1967 en Californie).
Comme en cette fin de mai 2020, où la population afro-américaine a été la plus durement frappée par la pandémie et le chômage qui l’accompagne, la mort d’un homme noir par violence policière entraîne un grand cortège funèbre et embrase ici Harlem. L’histoire semble ainsi répéter.
Dans les années 1940, jeune afro-américain issu d’un état du sud, le narrateur doit se conformer aux règles d’une société dirigée par les blancs, mais aussi par ces quelques noirs parvenus, mais toujours au service d’une caste blanche dirigeante, qu’elle soit celle des fondateurs d’une université noire du sud, celle d’une usine ou d’un mouvement social et de libération des noirs d’Harlem. Cet homme noir est et reste comme tous les autres, ces opprimés afro-américains, « un homme invisible ».
La narration imposée par l’histoire et l’apprentissage de son narrateur est linéaire mais elle recèle des rythmes différents, selon les souvenirs, l’incompréhension, le malaise d’un homme courageux, volontaire, travailleur qui, quoi qu’il fasse, se heurte à un mur ou plutôt à son inexistence, son invisibilité, devant le monde des sachants, des dirigeants, des nantis.

Nathalie Cochoy écrit dans « Ralph Ellison la musique de l’invisible » (édition Belin) «Dynamisée par le rire et l’humour, à la fois dénonciatrice et libératrice, la poétique de Ralph Ellison a le même fonctionnement paradoxal que le masque ». Selon Ralph Ellison, il revient au romancier, à l’artiste, "de déceler et de faire chanter l’identité invisible".
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