Un jour de guerre vue des étoiles (folio bilingue) présente l’intérêt de lire le témoignage poignant d’un Espagnol, car l’Espagne fut neutre durant toute la durée du conflit de 14-18. Or, l’écrivain manchot le plus célèbres des lettres espagnoles se rend sur le front alsacien et vosgien en 1916, survole le front de nuit, puis il retourne sur les fronts des Flandres, en Picardie, en Champagne, cette fois, où les combats sont intenses, et il témoigne de la boue, des rats, de l’odeur pestilentielle des cadavres que l’on ne peut aller chercher et enterrer, des blessés qui agonisent, du moral en berne des soldats transis d’effroi, de l’angoisse du poilu dans la tranché au moment d’en jaillir sur ordre... Au nom du sacrifice pour une cause immatérielle nommée patrie. Valle-Inclán tenta de réveiller les consciences espagnoles endormies et confites dans une neutralité sibylline ; en vain. Le livre est un moment précieux de littérature, notamment sa première partie, Minuit (La media noche). Le style, sec, est celui d’un grand reporter aguerri. Les chapitres prennent l’allure d’une chronique, avec sa vibration, son présent narratif, ses descriptions photographiques, où la nature, bien que bouleversée, demeure bucolique et paisible, et contraste ainsi de façon poignante avec le théâtre d’une épouvantable boucherie absurde qui s’offre aux yeux d’un témoin qui prend des notes pour l’histoire, et pour la littérature.
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