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Citation de Charybde2


Derrière moi, le vieux avançait en titubant, l’air hébété. Je n’avais pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il me regardait, cherchant une réponse, parce que ma présence ne collait pas avec le reste. Le vieux – à ce moment, cela me plaisait plus que jamais de l’appeler ainsi – avait, en descendant de sa voiture, été surpris de me rencontrer à cette heure-là à proximité de sa ville et, le temps qu’il comprenne la situation, il était notre prisonnier. Le Français et Pérez la Souris avaient surgi d’un grand bouquet de lauriers, l’avaient assommé d’un coup de massue et embarqué en une fraction de seconde. C’est certain, ils ne lésinèrent pas sur la violence mais l’eussent-ils blessé que personne ne s’en serait aperçu.
Pourtant, ce n’était pas cette attaque imprévue qui l’avait sonné. Ni même le fait que moi, un gars de confiance, un type qu’il prenait pour un petit chien obéissant, lui fourre un chiffon dans la bouche pour qu’il ne crie pas. Non, ce qu’il ne comprenait pas, c’est que nous puissions le traîner impunément dans l’obscurité, sous les arbres même de son parc, devant sa maison, presque sous le nez de sa femme et de son fils. Il ne pouvait pas se mettre dans la tête ue nous ne lui appartenions pas. Une petite erreur de stratégie. Il ne s’était pas rendu compte qu’il ne possédait plus le pouvoir, même sur sa propre personne. Qu’on le lui avait volé.
Ce qui était certain, c’est que j’avançais, sentant les yeux clairs du vieux – grands ouverts comme on s’imagine ceux d’un noyé – fixés sur mon dos, pendant qu’il était brutalement traîné jusqu’à la cage des pumas. Je savais qu’il tremblait au moins autant que moi. Un peu à cause du froid et plus encore à cause de l’excitation du moment. C’était sans doute pour ça qu’il s’emmêlait les pieds à chaque pas et trébuchait pour se retrouver finalement dans les bras de Pérez la Souris.
Il était presque minuit et le gravier du sentier crissait sous le givre. Tout indiquait que ce serait une nuit froide comme un chien mort. Nous nous étions gelés en attendant dans la voiture, et une demi-bouteille de Ballantine’s nous avait aidés à garder notre chaleur intérieure.
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