La nébuleuse religieuse-ésotérique de notre temps mérite, elle aussi, ce travail de la raison qui consiste à tenter de dégager sous les produits les modes de production, derrière l’affirmation des valeurs les enjeux d’intérêt, dans la rigueur des énoncés la fragilité des énonciations, à travers le discours le travail structurant du non-dit, dans l’affirmation de l’absolu l’inscription du doute, à l’horizon du sens les hésitations de la quête de sens.
Nul ne contestera que les croyances soient aussi des faits. Elles s’imposent
à l’expérience comme à l’observation, à l’instar de n’importe quel autre fait. On doit compter avec elles dans l’action sociale. Elles ont des effets sur nos vies individuelles, nous obligeant à nous définir par rapport à leurs propositions, soit comme croyants, soit comme incroyants. Elles ont aussi des effets sociaux, quand elles constituent des groupes de fidèles ou d’opposants. Des Églises, des mouvements religieux et des courants spirituels s’organisent en fonction d’elles, proposant des pratiques et des identités diverses, démarquant les initiés des non initiés, s’inquiétant des indifférents, cherchant à convaincre les étrangers.