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Citation de mandarine43


[ Incipit ]

Tout au long de la nuit une terrible pluie d'étoiles et maintenant l'aurore, pourtant ça continue, brillant plus faiblement, au-dessus du boulevard partiellement fermé à la circulation en raison de travaux. Rues larges, résidentielles, quasi désertes en août. Façades lustrées par la sécheresse. Des lauriers-roses en fleur, les hautes herbes des talus brûlées par le soleil chromé qui pilonne depuis juin. Volets fermés malgré la fraîcheur, ça dort encore, ignorant peut-être que dans toute la partie noire de la nuit le feu jailli des aérolithes a sifflé et dégringolé le ciel en gémissant. La terre a rencontré un anneau de poussière plus torrentiel que jamais. Cette année, les Perséides se sont déchaînées, défoulées, ébrouées plus que jamais de mémoire d'ouvriers de chantier, de mémoire flegmatique de chef d'équipe spécialisé dans les travaux publics.
Petits braseros d'été, compacts et éruptifs, les météorites alimentent la discussion entre les hommes aux cheveux en brosse. Les plus jeunes des pelleteurs, on peut dire que l'effritement du ciel les a chahutés.
Ça tombe en morceaux, fait une voix pleine de désespoir et de reproches. Tu risques rien, va.
Quelqu'un s'occupe du réchaud à gaz. L'odeur roussie du cul de la bouilloire. L'eau clapote et passe par-dessus bord. Les brouettiers sont venus s'asseoir autour du chef d'équipe niçois avec un gobelet de thé à la menthe. Ils en offrent à la ronde. Tous se raniment à la présence aromatique pendant qu'un froissement de vent transforme les tôles ondulées en orgue de Barbarie.
Dix minutes de pause supplémentaires pour cause d'étoiles filantes.
Le chef d'équipe est un homme entre deux âges qui porte un béret informe, qui hache une peau de tomate entre ses incisives, qui l'après-midi revend des avertisseurs interdits par les flics, avec lesquels on flamboiera auprès des filles.
Le chef d'équipe est captivé par le mouvement, ce mouvement incessant, ondoyant, fluide dans le grand fourre-tout du ciel au-dessus de lui. Il jette la tête en arrière comme pour se raser sous le menton. Il tient sa nuque dans ses deux mains jointes.
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