AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Rémi Dalisson (7)


« Ainsi, tout marchait à la fois. Par la suppression des matières religieuses de l’enseignement public, on assurait la liberté de conscience de l’enfant, celle du père de famille, celle de l’instituteur. Par l’obligation, on rappelait au sentiment de leur devoir les pères de famille presque indignes de ce beau nom. Par la gratuité, on établissait dès l’école le sentiment de l’égalité civique […]. Par la laïcisation du personnel enseignant, on confiait l’instruction publique à des fonctionnaires qui n’obéissent qu’à la loi civile, ne reçoivent d’ordres que de leurs chefs hiérarchiques. »

[Paul Bert, rapport sur le projet de loi rendant l’école obligatoire, 1880, n° 2606, 11 mai 1880]
Commenter  J’apprécie          110
Nous retracerons donc une époque et une société dans toute leur complexité, non pour réhabiliter, mais pour expliquer et comprendre un homme, un parcours, une pensée à la lumière de son temps, et lui faire justice de procès ou contresens actuels. Ce faisant, nous constaterons que la construction de l'école républicaine, mais aussi les progrès médicaux et scientifiques sont les fruits de plus de continuités que de ruptures, qu'ils sont complexes et parfois contradictoires. Que les premiers républicains ne peuvent se réduire à leur légende dorée et que leurs pensées comme leurs actions sont pleines de subtilités, de tâtonnements et de non-dits parfois difficilement compréhensibles de nos jours. Nous montrerons que les faits historiques, comme la colonisation ou le patriotisme germanophobe, doivent être étudiés dans toutes leurs dimensions pour comprendre et déconstruire les représentations d'alors....

Enfin nous constaterons que les hommes jouent un rôle dans l'histoire et qu'ils peuvent faire, tout autant que les superstructures et les rapports sociaux, basculer des sociétés. Ce fut le cas, assurément, d'un Paul Bert, esprit libre et indépendant, épris de justice et de raison prônant la "non-crédulité" des consciences. Il mérite de retrouver toute sa place dans le panthéon des grands républicains et dans la mémoire nationale, avec ses forces mais aussi ses faiblesses et défauts. Car des salles de cours des facultés de médecine et de science qui ont formé le futur ministre, en passant par celles des écoles où doivent éclore "des hommes et, grâce à la République, des citoyens libres, des électeurs et des élus [.....] qui affirmeront l'idée de Patrie", jusqu'aux colonies qu'il découvre en Algérie et incarne au Tonkin, c'est un itinéraire singulier autant que classiquement républicain que nous allons suivre.

Commenter  J’apprécie          80
"En respectant les lois, vous serez entièrement libres, vous pourrez aller ou ne pas aller à l'Eglise, changer de religion si vous le voulez, ou même n'en avoir aucune, travailler ou non le dimanche ...."
Extrait du Manuel d'instruction civique à l'école (1881) rédige par Paul Bert.
Commenter  J’apprécie          82
Il publiera en tout neuf manuels de vulgarisation scientifique pour le Primaire et le Secondaire adaptés à chaque sexe et à chaque changement de programme. Trois autres paraîtront même après sa mort sous sa signature.
Il écrit sur tous les aspects des sciences de son temps, la physique, les sciences naturelles, la zoologie, la géométrie, l'anatomie, la physiologie pour enseigner, selon sa fameuse expression, la "non-crédulité sans enseigner le scepticisme", y compris dans le domaine manuel et industriel des cours complémentaires et du primaire supérieur. Il se veut aussi rigoureux dans ses ouvrages que dans son laboratoire et entend écrire des "livres élémentaires" et explicatifs, et non des abrégés. Et comme dans son manuel d'instruction civique, il reste concret (enseignement par l'aspect et méthode concentrique) pour n'aller vers l'abstrait que dans un second temps en utilisant un langage simple qui parle aux enfants.

Il part d'exemples simples et compréhensibles comme dans le chapitre trois de l'Instruction civique à l'école, où il fait utiliser par les enseignants les bordereaux de contributions de leur traitement pour expliquer aux enfants les subtilités de la justice et des divers tribunaux. En demandant aux enseignants de collecter des échantillons de minéraux pour les sciences naturelles lors de promenades hors des établissements, il préfigure les leçons de choses. Dans le même registre, il demande de ne pas négliger le travail manuel, même s'il est très sexué.
Cette pédagogie éclairée complète l'instruction civique et la morale laïque. Certes, tout cela reste théorique, et l'on sait que ces objectifs ne furent pas tous atteints, que la massification du Primaire fut peut-être plus quantitative que qualitative et que l'instruction civique eut parfois sa part de propagande. Les enfants ne purent souvent pas s'émanciper de leurs milieux, et, surtout, l'école primaire devait adapter la main d'œuvre à une économie capitalistique et industrielle, sans forcément se préoccuper de pousser les enfants du peuple plus loin que la fin d'étude primaire et les métiers d'exécutants ou manuels. Mais à la veille de la Grande Guerre, la quasi-totalité d'une classe d'âge va à l'école, l'obligation est presque partout respectée et la laïcité, renforcée par la Séparation que Paul Bert jugeait inévitable si la rénovation du Concordat échouait. La laïcité est effective, y compris pour les personnels devenus des "hussards noirs de la République" (Péguy) respectés et pénétrés de leur mission.
Commenter  J’apprécie          50
« Si une chose m’étonne, c’est la différence qu’on fait encore dans l’éducation entre les filles et les garçons. [….] Par une sorte de préjugé injuste, les écoles neuves, les mobiliers les meilleurs sont pour les garçons. Les filles ont le reste. Je suis bien éloigné de cette façon de voir et je répète le mot connu : quand on instruit un garçon, on ne fait qu’un homme instruit. Quand on instruit une femme, on instruit toute une famille »
Paul Bert, Réponse au directeur de l'ENS de filles de Saint-Cloud, cité par Léon Dubreuil.
Commenter  J’apprécie          50
Actualité de Paul Bert : les nouveaux défis de la laïcité, de l’école et de la morale civique
Pour conclure, il faut repartir de la question laïque qui fonde la pensée bertiste. Elle conditionne tout, notamment la « morale civique » qui s’applique à l’école à la rentrée 2015, et la fonction de l’école dans la cité.

La laïcité et les particularismes : un conflit toujours recommencé
Or en ce début de siècle, la laïcité en général et à l’école en particulier sont malmenées. Pourtant, depuis les combats de Bert et Ferry et la loi de Séparation de 1905, la définition de la laïcité semble claire. En s’appuyant sur son étymologie (du grec laos qui signifie peuple au sens d’unité d’un peuple indivisible), sur les idéaux de ses pères fondateurs et sur son évolution avant 1914, puis dans l’entre-deux-guerres, elle se définit d’abord par un double refus, celui de l’enfermement dans une identité particulière, philosophique ou religieuse, mais aussi celui de la négation des différences. Le premier refus doit empêcher de verser dans le communautarisme, le second empêcher d’attenter aux libertés humaines. Ensuite, la notion repose sur un postulat qui découle des évolutions scientifiques de l’après Seconde Guerre mondiale, notamment en termes de génétique et de races. C’est l’idée que les êtres humains sont un, que l’espèce humaine est formée d’êtres ressemblants, égaux (Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 revue en 1948) entre eux et tous porteurs d’humanité et donc de citoyenneté. Sur ce socle, des différences apparaissent selon l’éducation et les milieux sociaux comme naturels. S’il est absurde de les nier, il faut les transcender dans un avenir commun, vers une citoyenneté qui émancipe et libère. C’est exactement la fonction de la laïcité de Bert, Buisson et les autres, unir le peuple, somme d’individus égaux et différents autour de trois principes : la liberté absolue de conscience, la loi qui régule dans l’intérêt général et la stricte égalité des droits qu’elle permet. C’est, selon Henri Pena Ruiz, le sens du triptyque républicain «Liberté, Egalité, Fraternité».
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce cadre, et contrairement à une confusion répandue de nos jours, chez les élèves mais aussi nombre de parents voire d’enseignants, la laïcité n’est absolument pas opposée, et encore moins hostile à la religion, d’autant qu’une partie de ses fondateurs étaient croyants ou déistes. C’est tout le sens du combat de Paul Bert, Victor Hugo ou Léon Gambetta qui considèrent, à plus forte raison depuis la loi de 1905, que la religion (et non le clergé) est totalement libre, comme la non-croyance. Mais cette liberté religieuse n’engage que ceux qui croient (ou ne croient pas) et en aucun cas l’ensemble de la nation, et encore moins l’Etat républicain au nom de l’égalité et du respect des consciences. Si la République (donc l’école) se veut égalitaire, elle n’a d’autre choix que la neutralité en matière religieuse pour traiter à égalité croyants et incroyants.

Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Rémi Dalisson (22)Voir plus

Quiz Voir plus

Jacques Chardonne

Quel est le vrai nom de Jacques Chardonne?

Jacques Laurent
Jacques Barnery
Jacques Dutourd
Jacques Boutelleau

10 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques ChardonneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}