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Que fais-tu, si loin et si près ?
Et penses-tu à moi comme je pense à toi ?
Je voudrais le savoir, non pas pour moi,
mais pour n’être pas seul
quand j’écris des vers...L’écriture,
dit-on, est faite pour autrui.
Je dis quant à moi qu’elle est faite avec toi :
une sonate à quatre mains,
un instrument qui n’est que vie.
-
Che fai, e lontana e vicina ?
Mi pensi, tu, com’io ti penso ?
Vorrei saperlo, non per me,
ma per non essere io solo
che scrivo versi… La scrittura,
dicono, è fatta per qualcuno.
Io dico, è fatta insieme a te.
Una sonata a quattro mani,
lo strumento che tutto vive.
*
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Dimanche...Trêve de poèmes !
Se contenter de les relire,
en écouter le son et les silences,
le sens obvie, le sens caché,
Voir si tout s’harmonise,
si tout respire quand tu lis,
de la respiration même du monde.
Si ce prodige a lieu,
trouve en lui ta prière.
-
Domenica, e sia tregua ai versi.
Rileggere, solo, i già scritti,
ascoltarne il suono e i silenzi,
il senso aperto et il senso occulto.
Vedere se tutto armonizza
e se respira, mentre leggi,
col respiro stesso del mondo.
E se questo, il prodigio, accade,
non sia un’altra la tua preghiera.
(Version française de Christophe Carraud)