J’ai senti l’ancienne Mina revenir dans la pièce. Pleine d’assurance, confiante, hardie.
— Vous savez que je ne vous demanderais pas cela s’il y avait quoi que ce soit d’illégal dans ces cartons. Un autre ?
Elle a pris mon verre et l’a rempli.
— Au fait, je voulais vous dire que la maison en Italie est disponible une partie du mois d’août. Vous aimeriez peut-être y passer une semaine. Avec Angelica. Elle va adorer.
J’avais vu des photos de la maison de Mina en Italie et je savais combien elle y tenait. Seuls la famille et les amis proches y étaient autorisés. C’était vraiment gentil de sa part, et pourtant, j’ai hésité ; je doutais qu’Angelica veuille passer du temps seule avec moi.
— Vous paraissez soucieuse, Christine. Je comprends. Les adolescentes peuvent se montrer difficiles. Peut-être qu’Angelica aimerait emmener des amis ?
Elle a posé sa main sur mon bras.
— Dites-lui donc que je vous ai proposé la maison, mais que vous ne pouvez pas y aller, et suggérez-lui de s’y rendre avec une amie à la place. Je suis sûre qu’elle sera ravie de l’occasion. Et assurez-lui que c’est votre idée.
Elle a cogné son verre contre le mien et a bu une lampée de whisky. J’ai entendu le son d’un glaçon qu’elle croquait.
— Merci, Mina. Si vous êtes sûre…
— Absolument. Vous êtes de la famille, pour moi, Christine, vous le savez.
Elle s’est levée et a attrapé son manteau. J’ai terminé mon verre et me suis apprêtée à partir.
— Vous savez quoi, Christine ? Plus j’y pense et plus je me dis que ce serait aussi bien si vous vous débarrassiez carrément de ces dossiers.
Elle a prononcé ces mots comme si l’idée venait seulement de la traverser, d’une voix douce, comme si nous discutions encore de son invitation en Italie.
— Je ne souhaite rien garder de ce qu’il y a dedans, et ainsi, je n’aurais plus à m’en soucier. Vous pourriez peut-être tout jeter en rentrant chez vous ? Là où vous pensez que c’est le mieux. Je vous laisse décider. Voyez cela comme un brin de ménage.