J'aimerai vous faire partager ma dernière découverte : une revue qui fait la part belle aux auteurs contemporains : A l'index - espace d'écrits. Elle nous propose essentiellement de la poésie (36 auteurs se partagent ses 192 pages), mais pas que. Vous y trouverez également des nouvelles, des articles - lisez "La Jeune Parque de Paul Valéry" d'Antoine Houlou-Garcia - et des notes de lecture sur une sélection de recueils publiés récemment. Et tout cela dans une édition soignée au format "livre".
Je ne pourrais tout détailler, alors de façon très arbitraire, je vais m'attacher à mettre en lumière ce qui m'a séduite :
- la présence d'auteurs étrangers (italiens, anglais, grecs, ...) dont les poèmes sont présentés dans leurs langues originelles accompagnés de leurs traductions. Ce "San Geronimo translates" de Françoise Canter - Saint Jérôme, patron des traducteurs - comme une mise en abîme, un hommage à tous ces passeurs de sens...
- cette promesse tenue, d'horizons partagés. Voyager au creux des mots, en suivre les contours et s'ouvrir à d'autres territoires... Et pour ceux dont nos pieds ont déjà foulés les sols, se retrouver en quelques instants auprès de leur auteur : "En attendant l'aurore", apprécier la beauté de ces notes éparses, de Philippe Beurel :
"Vallée de la Vilaine. Un reste d'or dans le ciel et voila les nénuphars, ornements immobiles des canaux, nimbés d'une dernière lumière. L'ombre a gagné chaque recoins du jardin, devenu muet. A l'orée de la forêt montent le dernier chant d'oiseau et bientôt le silence que viendront rompre, ici et là, les aboiements des chiens, vigie des hameaux. Comme tombe le soir sur la campagne, tombe le soir sur la vie d'un homme."
- Florentine Rey, qui a été une réelle découverte pour moi. Il y a quelque chose de léger et à la fois d'incisif dans son écriture qui tranche, coupe et vous rappelle à une réalité qu'on aimerait bien souvent oublier "la guerre ne se guérit pas". Et ce si beau "si vieille !" qui vient se cogner, comme en écho, au "Là-bas, en bas, tout en bas" de Christian Jordy :
"Comme je ne souhaite pas finir là-bas, je préfère encore en terminer ici, en bas, tout en bas, devant vous. Il se trouvera bien quelqu'un pour venir me détacher..."
- le plaisir de retrouver Gérard Le Gouic, avec Ce "poème inédit", emplit de gravité et de malice...
- et tous les poètes qui ont contribué à ce numéro et que je ne peux malheureusement tous citer. J'espère vous avoir donné l'envie de les découvrir. Sans doute, vous arrêterez vous sur d'autres mots, d'autres histoires, d'autres faiseurs de sens que ceux que je viens de citer...
Et pour finir, je voudrais vous parler de cette belle introduction de Jean-Claude Tardif - poète et créateur de la revue - qui s'ouvre sur une nostalgie touchante mêlée d'une détermination et d'une lucidité qui force le respect : Écrire et a fortiori publier de la poésie aujourd'hui, c'est souvent faire acte de résistance. Et que dire de ceux qui osent en lire ?
"J'aime l'idée que la langue et une partie de la littérature qu'elle contient, qu'elle héberge, ont des allures de marchandises de contrebande. Trésors passés sous le manteau et par des chemins détournés. Drailles, sentes tracées par quelques uns aux profits de lecteurs-voyageurs curieux - il n'est pas interdit de les souhaiter nombreux - ou pour des vagabonds, hoboes du livre à petit tirage. Le lecteur de poésie et a fortiori des revues fait partie, à n'en pas douter, de cette confrérie de crèvent-la-ligne. Et je ne peux que souhaiter que certains de ses membres trouvent de quoi se nourrir, ne serait-ce que sur le pouce, entre les pages de À L'INDEX."
À tous les crèvent-la ligne, je ne dirais qu'une seule chose : ne passez pas à côté de cette si belle revue !
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