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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
RETOUR À NOUAKCHOTT


[fragment]

Je te retrouve dans le souffle du vent
Exsangue brûlé par le sable sans relâche
Tant de dunes impatientes le long de ma route
Surgissent des limbes de l’inconsolé mirage

Les caravanes portées par la distance d’antan
Immobiles et langoureuses l’ombre aussi rare
Que l’acacia sec et endurci sous le soleil de plomb
Mon chant comme prière implorant le firmament

J’ai de toi désert la soif affranchie des frontières
Le rêve qui s’enlise ensablé habillé de lumière
Tout l’océan aimant chargé de lourdes pirogues
Butin d’arc-en-ciel pour des frères noirs et blancs

Où as-tu égaré fleuve ton limon pour nourrir la terre ?
                                  Mauritanie, 2003

Tahar Bekri
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Sushri Sangita Mishra

un voyage inouï – II

Je le savais, j’avais été choisie, gouttelette
Pour être placée sur la feuille de lotus
Qui poussait dans l’estuaire.
Avec une part de moi-même
Immergée sous la mer,
Une part flottant dans l’azur,
Je glissais,
par la corde qui les relie
entre diable et Dieu

Au loin, se dressait
Une image depuis des siècles
Sans ciller, sans flancher
telle une tour – immuable
Parmi la peine et le désordre.
J’ai cueilli des éclairs de Vérité
Et en fit des langues de feu –
L’éclat
Trop brillant pour être soutenu
Trop doux pour être touché
Impossible à détourner
Et impossible à approcher

Aujourd’hui
Au seuil de cette époque
Au pied de la tour de la Vérité
Je m’assieds pour écrire mon épitaphe

“ Ici ont été conçues des visions
Naquît une intériorité
La vie était une mission à achever
Ma mort est le tout début de ma vie ”

(Un poème dédié à tous les poètes jamais nés, que la terre ait jamais portés)

Traduction de l’anglais par Faustine Imbert-Vier

Sushri Sangita Mishra est une poétesse née en Inde dans l’état d’Odissa en 1975, récompensée dès ses premières publications. De langue odia, elle s’est mise à écrire récemment en anglais pour une plus large diffusion de ses poèmes, après s’être longtemps auto-traduite. Dans ses nombreux recueils, elle aborde par une approche profonde et philosophique la pauvreté, l’orientation de genre, l’éducation, le chaos du quotidien et célèbre la divine Nature avec le même long souffle qu’elle met dans ses récitals de chant. Les majuscules de l’écriture latine lui permettent de poser de précises emphases.

Faustine Imbert-Vier est traductrice du tamoul, transcréatrice pour d’autres langues indiennes et polygraphe. Mettre de la lumière sur la littérature tamoule à travers ses auteurs contemporains vivants est son principal intérêt.
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Sushri Sangita Mishra

face à face

Balayant les questions
courir sans relâche,
portant sur le dos, une parcelle de temps
est peut-être la seule quête.

Toucher avec tendresse une fleur tremblante
sous son capuchon de neige,
m’est impossible.
Pas le temps de panser un cœur en sang
Pas les trippes à rester debout épier.
Seulement l’espace d’une pause
et la musique se met à dérailler.
Cibles et ambitions s’effondrent en s’écartant.
Que le monde entier me suive de ses yeux grand ouverts.
Et autour de moi pleuvent en déluge mes rêves et mes désirs.
Dorénavant,
Jusqu’à ma noyade complète
Courir est ma seule quête.

Mais quelqu’un étire un rictus en moi
Souvent me retient trop durement
Je m’interroge,
Si cela sortait au jour
Et demandait des comptes
Quelle serait ma réponse.

Ce jour-là, devrais-je dire
Comment les oiseaux gazouillants
Et les bois bourdonnants
Accélèrent le flot sanguin dans mes veines.
Comment, les cygnes dans les étangs,
les nuages en nuées
même l’image brumeuse d’une rive
me coupent le souffle.

En arrière de quelque méandre
S’affaiblirent en moi les couleurs de la compassion
Aujourd’hui, les couleurs des fleurs tendres
Terrifient le Temps.

Ce jour-là, devrais-je me confesser,
complètement.
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Sushri Sangita Mishra

un voyage inouï – I

Tout autour de moi j’avais en couche épaisse
Mes proches et mes chers
Qui veillent sur moi tel un diamant solitaire,
Un havre de paix où prendre du repos
Un pilier solide auquel s’adosser.
Au-dehors était la foule
de critiques et de paraphraseurs
pour juger, avaliser, rejeter et surveiller.
Personne pour voir derrière les feux du diamant
les arrêtes aigües de la solitude qui blesse
Personne pour déceler,
enfouie dans le sourire étincelant, l’âme usée qui y vit
et attend encore une épaule
où poser la tête et verser une larme.

Je n’étais pas un solitaire
Mais je fis cavalier seul
Car, ce que j’avais vu, beaucoup ne l’avaient su.
Tous je les comprenais.
Je mis ma pleine vigueur dans mon jeu
J’enfouis l’univers entier dans mon cœur
Les amis et les ennemis.
Ceux qui défient le faisceau de lumière
Et ceux embusqués à l’orée de la nuit
Je les ai tous vus.

Mon voyage reste inouï
Mon emploi était singulier
Je devais dire ce qui m’était montré
Je devais écrire sur la paroi mouvante
Et y abandonner mes écritures
Sans savoir si quelqu’un les y trouverait.
Je savais cela, j’étais chargé de porter
Le poids de la sagesse.
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Sushri Sangita Mishra

en commençant par la fin

Signe rémanent de mon passé
Qui me dévore et incendie le Temps
Egaré dans des siècles de quête
et bataillant pour la vérité,
Me voici enfin
Lové entre les racines.

Au point de mon départ
a surgi le but
demeurant de toujours
quêtant sa destinée.
La marche lente vers une exténuante désillusion.
Réussites et dépassements se fondent en souvenirs confus.
Les bornes, les poteaux d’arrivée et les gloires
que j’ai atteints se dissolvent.
En vue de l’arrivée
piste effacée dès que trouvée.

Et maintenant, moi un point à la dérive,
Dans la fournaise en expansion du Temps.
Plus de sentier ni par devant ni par derrière.
Enchâssé dans une présence rassurante
plein de grâce, assis à mon autel,
exécutant les rites de la vie.
Protégé enfin du bruit, de la chaleur, de la foule
Détaché de ces instants émiettés autour de moi
Les sourires, les larmes, les souvenirs, la désolation
Je le sais, rien ne m’appartint jamais.

L’arrivée m’a rattrapé
Jusqu’aux coins perdus de ma destinée.
Dans le miroir mon propre reflet.
Je le vois bien
Là, de l’autre côté,
Celui qui se tient
les bras ouverts à l’infini
qui m’attend.
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Sushri Sangita Mishra

Solitude

Je suis resté longtemps

sur la ligne d'éclairage

être un pont entre le jour et la nuit

Et j'ai gagné mes larmes

en marché avec Dieu

pour l'arbitrage entre le bien et le mal.



Mes larmes semblaient souvent irréelles

puisqu'ils n'ont pas parlé de

la douleur et les misères,

ceux que le monde connaît.

De nombreuses nuits je me suis assis en silence

regardant le ciel étoilé

se demandant si le monde était inversé

Ou c'était moi.



Ma solitude s'est enfouie dans sa crypte, d'innombrables questions

Ils sont plus nombreux que les étoiles.

Aujourd'hui, les questions mortes renaissent.

Ils m'entourent d'une nouvelle ardeur.

Aujourd'hui, encore une fois,

dans la foule, je suis seul.

Avec un soupir je lève les yeux et me demande

qui a recueilli mes larmes et mes questions!

Parmi les innombrables qui scintillent

y avait-il un solitaire aussi,

qui a vécu mon esprit,

partager avec moi l'espace et le temps!
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Sushri Sangita Mishra

Route

La route est un point en mouvement.

Sur cela, une fois que je suis resté immobile, pensant

ma première rencontre avec la vie,

le tout premier dialogue avec les rêves

et bavarder des engagements envers les mots des tout-petits

comprenait le temps.



Plus tard, il a révélé

Le point ne m'appartient pas

ni à toi

ni à notre destin.

La route est une illusion roulante

déroulé en direct sous le voyage.



Trail n'a jamais encouragé un voyageur

pour atteindre n'importe où.

Cela ne fait que le mettre sur la bonne voie à perpétuité.

Pendant ce temps, le voyageur oublie ses rêves

son identité

et le mouvement qui dirige son domaine.

Et enfin

le boulevard atteint la destination

avant le roadster.



Après que je sache, il n'y a nulle part à atteindre

toutes les routes sont les mêmes.

N'importe lequel d'entre eux me prendrait

jusqu'à ce point prédéterminé

où l'Histoire se manque

Encore et encore.
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Ecrit en regardant la mer, Le Voyageur à son retour, Jean-Michel Maulpoix

Tu me demandes pourquoi j'écris que je pense à la mort en regardant la mer...
Regarder la mer, la mort dans le dos, c'est occuper le juste milieu, comme une anguille marquant midi. Devant soi, l'espace en extension: le plus plat, le plus horizontal qui puisse être. Derrière soi, le temps : il pose toujours ses mains glacées sur nos épaules; il est comme la sombre pupille de ce regard qui va se perdre sur l'étendue...Celui qui regarde la mer ne voit pas devant lui : il se noie dans les années profondes. Qui regarde la mer voit qu'à vrai dire l'on n'y voit rien. Ce regard est de ceux qui nous remettent debout dans notre finitude. C'est l'horizon couché qui nous redresse !
Regarder la mer la mort dans le dos n'est donc pas céder à la mélancolie. J'ai le désir d'une écriture qui tire au clair : qui clarifie et qui conduise du côté de la clarté. Ni obscure, ni obscurantiste. Qui parle avec simplicité. Et trace des lignes claires de signes sombres.
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Sushri Sangita Mishra

Vérité
J'ai marché très longtemps

sur le lit rocheux du temps

Dans mon effort pour creuser la vérité

plusieurs fois, je suis tombé

dans la fosse

où la vérité est complaisante

refusant d'être secouru,

Puisque pour la vérité, la terre est triviale.



Plusieurs fois je suis tombé

Dans une profondeur infinie.

Et défiant la mort

Je me suis levé tout seul.

Les éons sont passés

Je continue encore.



C'est juste une fois de plus

que je chercherais mon origine

Avant de me lever

Et marche à nouveau,

quelques questions

être déclenché au hasard.

Assis sur la gueule du canon

mes paroles trembleraient,

mon silence résonnerait en moi pendant un moment.

C'est juste une fois de plus

qu'une goutte de larme

serait laissé

pour que son fossile soit trouvé

sous le temps figé.
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Rive
Qui sait pour combien de temps

ces vagues traînent dans l'océan

naissances, décès, souvenirs et événements,

laissant derrière

les préceptes éternels!



Combien de tentatives désespérées d'arrêter le temps

ont reculé avec les vagues

Combien de douches de cœur,

combien d'histoires

ont été trempés par le sable!

À l'intérieur du coquillage

Assis encore sont la jeunesse perdue des rêves, des promesses

et des moments attendus.



Après avoir rassemblé les restes d'innombrables comptes dispersés

L'océan pourrait-il ne rester que l'océan!

C'est aussi la solution de

sanglots et larmes du ciel des siècles.



Après avoir sculpté sur sa poitrine

Les empreintes de pas fanées de tant de récitals

Le sable pourrait-il ne rester que du sable!

Regardez profondément!

Ici couché l'aperçu du temps qui passe!



Sushri Sangita Mishra
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