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Citations de Revue Labyrinthes (18)


Un papillon azur fuit par l'huis, puis vola au long d'un couloir blanc. Il suivit maint couloirs opalins, franchit moult halls blafards. Un instant plus tard, il papillonnait au grand air. Il profita alors du jour, du grand Apollon, divaguant d'un chardon à un ajonc. Puis il partit pour un long vol, un courant d'air chaud l'arrachant au sol.

Bouffanges / Cahin-caha
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Cette pâtisserie a des allures de sapin de Noël, derrière la vitrine que mon souffle embue à chaque expiration. Je déchiffre péniblement le petit écriteau planté de travers devant lui. Re. Li. Gi. Eu. Se. Je comprends l’allusion ; un tel dessert ne peut qu’être une manifestation divine. Que ne donnerais-je pour y enfouir mes dents ? Je n’ai aucun référentiel pour concevoir le goût que cela peut avoir, aucun souvenir culinaire qui puisse offrir une amorce à mon imagination gustative. Je dois me contenter de cette étrange synesthésie qui fait saliver mon regard.
Bouffanges - Tectonique du désir
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Ses cheveux tombaient, il en semait partout. Le voyant gêné, je lui ai proposé de lui raser la tête.
Perspective qui ne l’enchantait guère, mais il s’y est résolu. Quand les événements nous dépassent, feignons de les organiser… Alors on a fait ça, tranquillement, assis devant la glace, la serviette autour du cou, commençant aux ciseaux, finissant au rasoir avec de longs passages en quart de cercle, consciencieusement croisés. Ensuite, quand tout est lisse, un bon massage du cuir chevelu avec une lotion, et quatre bisous dans l’oreille. Nickel, pas de coupure. Mine de rien, ça a pris près d’une heure.
Laurent Guillo - Mille cinq cents signes
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Je redescends sur terre en fourrant mes pensées dans ma poche interne qui n’a pas encore de nom. Je rigole d’une cousine qui dit « mon petto » pour parler de cette poche d’âme, c’est à cause d’in petto, entendu de ses parents et plus ou moins expliqué. Non, rien à voir avec le popotin. On va continuer à enquêter. Je ne dis rien. Mes secrets sont à moi. Car la famille, on l’aime, oui ; mais bon –  un papa ingénieur inventeur fier de ses brevets et peinant à les vendre, si vous croyez que c’est facile.
Marie J. Berchoud - Géo Je T’aime, et autres leçons clandestines
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Michel n’aime pas son prénom. Déjà, à la naissance du garçon, en 1961, il n’avait plus guère le vent en poupe, sauf chez les parents d’un certain âge, qui avaient trop longtemps attendu l’avènement d’une certaine aisance matérielle pour se décider enfin à se reproduire dans les meilleures conditions matérielles possibles.

Se méfier tout de même des considérations sociologiques à l’emporte-pièce. À dose homéopathique, à raison de quelques maigres remarques savamment disséminées sur l’ensemble du texte, cela peut éventuellement amuser le lecteur, voire lui laisser à penser qu’il se trouve en présence d’un écrit ambitieux. À la rigueur, ces apartés pourraient même lui servir d’alibi si d’aventure il se faisait surprendre avec le livre entre les mains, sauf bien sûr si son caleçon côtoie déjà ses mollets. Ne perdons cependant jamais de vue l’objectif de départ : le rut (probablement solitaire), seul véritable aboutissement susceptible de satisfaire notre client. Alors les digressions plus ou moins digestes sur le prénom de notre héros, c’est non.
Aloysius Chabossot - De l’impossibilité d’écrire une nouvelle érotique
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J’ai voulu parler pour tous ceux qui à un certain moment de leur vie démissionnent de parler.
Les dépressionnaires sont tenaillés dans leur obsession d’amour et de frustration. Ce sont des enragés : leurs corps tendent la langue, leurs chairs sont en guerre. Leur vide est encore un nerf.
Et la parole est leur dernier sursis.
Laurence Biava - Les Désagrégés (Les Exclus)
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Face au temps, au passé, à l’avenir, Aux j’aurais dû et aux il faudrait.
Que dois-je faire pour préparer demain, l’année prochaine, dans dix ans ?
Qu’ai-je fait hier ou deux ans plus tôt qui me freine ou me soutienne ?
Qu’est devenu mon présent que je chérissais tant et que je ne discerne plus ?
Vertige.
Benoît Toccacieli - Mémoires d’un enfant sauvage
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Le principe de soustraction. Ces mots m’ont littéralement sauté à la figure. Ils étaient tracés au marqueur au dos d’un épais dossier cartonné, presque englouti au milieu des détritus. Je l’ai repêché avec le sentiment étrange de sauver quelqu’un de la noyade. Je ne l’ai pas ouvert tout de suite. Je l’ai posé sur le siège passager et j’ai fini de débarrasser mon coffre : restaient deux sacs d’herbe et un sac de branchages.
Didier Betmalle - Le principe de soustraction
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Je le vois bien. Ce n’est pas la peine de venir me dire que je rêve. Il me faudrait toute une vie pour décrire ce regard. Une vie entière pour saisir la force des pigments posés là afin de représenter des prunelles qui, derrière les pages, font mine de me regarder.
Pascal Béné - La barbarie de l’oiseau
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Il était un enfant, un p’tit boy en salopette bleu ciel et chapeau de paille. Dans un champ, idyllique.
Peut-être était-ce en Amérique oui, il y a déjà quelques années. Il jouait avec les sauterelles. Il voulait les empêcher de chanter, tout le monde disait qu’elles chantaient mais lui savait la vérité depuis un soir de lune verte. Il savait la douleur, que c’était un suicide, qu’elles se tranchaient les veines et que les autres prenaient ça pour les douces caresses de l’archet sur les cordes. Une pulpe musicale, translucide. Un chant de chaleur.
Tristan Seneca - Écrits épars
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La gondole en exil, ondulante et voluptueuse, glisse sur les flots sombres vernis d’écarlate par les derniers feux d’un soleil mourant, qui se reflètent aussi sur les azulejos des ponts à balustre dans un pâle scintillement cuivré. Devant l’étrave qui taille mollement le tissu moiré des eaux peu profondes, les flamants roses s’écartent avec nonchalance, hautains et indifférents ; quelques semaines à peine après le début de l’épidémie qui a presque exterminé les habitants de la ville, confiné les survivants –  du moins ceux qui n’ont pas réussi à trouver un refuge illusoire dans les campagnes environnantes  – et fait fuir les voyageurs, les animaux liminaires se sont enhardis et occupent chaque jour un peu plus effrontément l’espace urbain.
Patrice Salsa - El Burlador
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Quand suis-je devenue dure ? Après la guerre ? Laquelle ? La leur, la mienne ?
Tout avait commencé quand l’amour s’était arrêté. Entre le père et moi. Brusquement, comme un cheval qui aurait cassé sa patte et qu’on aurait abattu tout de suite. Cela s’est passé en une heure la fin de nous. Ta trompette a cessé de jouer Chet Baker. Une autre est venue sonner la charge. La fin de l’amour avait ouvert la faille du malheur, sauf la mort.
C’est après Nous que tout est arrivé.
À la charge !
Rebecca Wengrow - Sonnez la charge !
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Écrire cela c’est s’affronter à la toile blanche dont il faut faire matière de vie. Lumière. Clair-obscur. Palimpseste qui peut devenir transparence : des notes sur un violon muet avec l’archet des mots…
Écrire. Imaginer une vérité pour qu’elle devienne vraie puisque d’eux je n’ai presque rien su que l’évanescence. Ce temps long, plus long que soi, qui nous dépasse, dont on voudrait se tenir à distance et qui pourtant est notre salut puisque c’est le monde.
Pierre Ruetsch - Chaconne
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J’aime la poésie, elle prend nos peines, elle console, elle pardonne tout et ne demande rien en retour.
Catherine Lang - Cher ami
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Aujourd’hui ma mère c’est un peu Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin, marchande de mode de Marie-Antoinette, « ministre des modes », la grand-mère de la Haute Couture française. Ma mère c’est aussi les délicats camaïeux rose lilas des jardins de Trianon, ce rose qu’on appelle rose Pompadour, désigné dans les registres de la Manufacture de Sèvres comme « un rose très frais et fort agréable ».
Cette mère, que je suis seul à connaître, est aussi cette petite femme qui marche à Versailles en ce moment, qui n’en revient pas, n’en revient pas. Et moi j’ai envie de pleurer.
Olivier Steiner - Une fleur à Versailles
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On ne sait pas ce qu’on fuit, on ne sait pas ce qu’on délaisse, on sait juste qu’on avance comme des somnambules. Dans la nuit noire à peine éclairée par les phares. On marche comme des fantômes dans les rues, on a parfois cette impression de trouble, oui je crois, les jours se succèdent, la nuit est là. On avance, on marche à petits pas. Tout roule. On est entre la vie et la mort, on marche avec des yeux morts, je suis un somnambule.
Julien Thèves - On ne sait pas ce qu’on fuit
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Deux sphères imparfaites, nervurées de bronze. Tels les bonshommes de neige qui naissent dans les jardins, les parcs et les terrasses, la sphère supérieure est plus petite que celle qui la soutient. On les devine creuses, emplies d’une mystérieuse moelle, sucrée probablement, à moins qu’il ne s’agisse d’un de ces délices salées qui prennent des airs de dessert. Une cascade blanche nappe l’ensemble de reflets nacrés, comme les boucles d’oreille que portent les mamans des autres enfants. Autour du col du bonhomme de pâtisserie s’enroule une écharpe d’une étrange crème épaisse, d’un beige léger, froufrouteuse comme une fraise de gentilhomme anachronique. Assorti au cache-col, un bonnet de la même matière soufflée, façonné en un colimaçon pointu au bout duquel est piquée une étoile ébouriffée d’un jaune étincelant.
Bouffanges - Tectonique du désir
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Assise sur sa chaise, elle regarde l’eau couler. Elle laisse l’eau couler. Y cherche son visage dans les reflets bleutés. Se souvient vaguement de la peau qu’elle avait, avant. Lisse. De son corps souple et mince. Voudrait retourner en arrière et tout recommencer. Pense vaguement aux enfants mais aimerait quand même. Repense à tous ses rêves et puis ferme les yeux.
Marie-Hélène Moreau - Débordement
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