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L’opération d’amour



CITATION VII (SAINTE THERESE)

avançant humblement / essayant de
tout savoir de ta si douce lumière /
âme extrême de toi disséminée
qui donne la vie dans la mort / tu as

fait cheminer mon cœur autour de la
créature qu’humecte ta créature
comme âme appliquée à aimer / tous ces
désirs / ces trêves où je brûle comme une

terre de toi où tu te poseras
un infini un moment / monde de
ta main calme sur moi / chaleur / savoir

de tes douceurs / ou de ta compagnie /
comme m’enfermer dans ton secret sans
jamais sortir de ta seigneurie / non


//Juan Gelman (1930 – 2014)

/ Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet
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Avec qui
  
  
  
  
Avec qui partager la terreur, le sans nom
le tomber dans la mort anonyme, les départs inimaginables
les têtes à têtes qui vous dévisagent, le néant déjà
par angoisse enfantine de renoncer ou se taire
A qui prononcer ce geste de chercher à étreindre
l’éther transparent depuis un trou, un coma
un invraisemblable qui fait signe dans la peur
derrière le rideau diaphane de mains blanches alitées
À qui raconter la blancheur ensevelie atone de conscience
qui vous regarde et à jamais vous éloigne
le disparu sans naissance et son étrange mal d’origine
qui fait de votre état un état sans état
Plus jamais plus personne un trou mi rêvé mi réel
un vain supplicié d’attendre qui n’atteint jamais pour lui seul
qui devine instantanément la faille du mensonge
des biens portants des sûrs des satisfaits
qui s’exclut lui-même de leur monde et rôde famine
mendiant d’horreur créateur d’oral en attendant de ne rien dire
et qu’on dit narcisse quand il boit pour tomber
le titubé ivre pâle d’atroce fatigue
qui se voit exilé chez les fous les oubliés les asilaires
qui ont tué consciemment leur parjure de parole
Quant aux autres les camelots un à un sur la même ligne
qui vous rendent fantômes et vous brûlent de froid
vous torturent sciemment quand ils vous regardent mal vivre
et nager, égaré, lucide entre deux eaux de peur létale
Vers qui se tourner, qui appeler dans le parc de la rodomontade sociale
quand on n’a plus d’entrée qui vaille pour toucher et atteindre le monde
et que bougent impassibles et froides les portes de peur murée qui exile


// Patrick Laupin (1950 -)
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               Cieux
  
  
  
  
Où qu’ils soient
allés ils ne sont
plus
ici

et toute
leur raison
d’être est vide
aussi.


// Robert Creeley (1926 – 2005)

/ Traduit de l’américain par Bernadette Casès et Brice Petit
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La petite fille et la mort



Extrait 8

Rite barbare pérenne

S’asseoir
appuyer de toutes ses forces sur son sein
faire jaillir le nœud innommable de vipères
on ne peut crier n’est-ce pas
en vomissant




Sous le grand tilleul, l’été, lisant des livres

Toutes ces paroles données
vibrantes et fausses
joignant le flot des nôtres
tombées

ah les désirs du cœur sont les arêtes vives
où les chats souples de nos mots vont se blessant




Loin du corps dissous
comme un chant les mots que tu prononces
ne meurs pas, petite flamme
la chaleur le goût des mots quand tu les dis
restent là
continuent de briller
il n’y a que les dieux
qu’on aime ainsi

//Pavie Zygas (1949 -)
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Premier amour



Oh ton visage est là un miroir les jours
les semaines que nous avons vécus ces autres lieux dans
tout ce ridicule gâchis les jeunes que nous
voulions ne pas être marchions le long de rues interminables
dans des romans lisions sur la vie rentrions chez nous le
soir pour dormir dans des maisons provisoires nous
nous quittions quelque part maintenant c’est douteux que
                                                                                                      personne
ne soit réellement parti sinon pour le journal un enfant
deux ou trois et tous les évènements physiques
gravés alors sur cet arbre comme des initiales
un cœur un visage de sang calme et de toute façon
tu ne cessais de dire et de dire une peine infinie.



// Robert Creeley (1926 – 2005)

/ Traduit de l’américain par Bernadette Casès et Brice Petit
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Limites

  
  
  
Limites du champ, les fleurs bleues, le lavis roussâtre des
herbes, la découpe du sentier vert menant au carré
de jardin envahi de sauvageons et d’herbes folles –

vert avant tout, mais la lumière, l’entaille du soleil
limite chaque changement des détails tranchants, agrandis
- même les pierres enclines à être grandes, les ombres agglomérant

leur masse, et voyant ainsi je pouvais poursuivre jusqu’à une autre
limite du champ lointain, où les arbres sont épais sur la
limite du ciel, pensant je ne suis pas simplement une réponse à ça,
   cette lumière

pas seulement une opération qui voit et voile vaguement , ajoute
   une opinion.
Il n’y a pas d’opinion pour la vie, pas de mot plus ou moins général.
J’étais parti et revenu, encore et encore, pour te trouver finalement,

avais senti tout rassemblé, comme ici, pour être un lieu encore, et voulu
décortiquer la cosse de l’habitude, m’élever jusqu’à toi dans ce soleil.
Si c’est l’âge, alors qu’importe l’âge ? Si c’est vieux ou jeune,

quel moment le constate ? Dans cette retenue il ne peut pas
y avoir un autre lieu ou temps. Tout cela vit d’être
ici et maintenant, ce désir persistant, douleur de la promesse, supplice
   de tout le perdu.

Maintenant comme si ce moment s’était en quelque sorte fortifié
   d’un corps,
était devenu toi, juste ici et maintenant, les merveilles inséparables.


// Robert Creeley (21/05/1926 –30/03/2005)

/ Traduit de l’américain par Bernadette Casès et Brice Petit
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L’opération d’amour



CITATION XV (SAINTE THERESE)

dedans ce lieu il y a une dame /
âme de soi qui me brûle la douce
souvenance de toi / comme animal
sauvage en sa course contre la mort /

comme bonheur vivant de la lumière /
comme parcelle ouverte de passion /
différence du feu qui brûle de
toi à moi / ou tourterelle de paix /

chair que j’ai aimée éperdu / pensée
de toi à toi / et je t’ai parcourue
contre l’effroi de se savoir vivants
dans cette solitude de sable


//Juan Gelman (1930 – 2014)

/ Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet
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Parler toute seule



EPITOME
extrait 10

Rouges camélias
les mots flottent ce sont des fleurs
têtes coupées qu’on voit passer dans le courant
ce sont des fleurs
sur les marches de pierre
dans le printemps
à Shishigatani

discipline des mots
pétales de l’être

ou
                         déréliction


//Pavie Zygas (1949 -)
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L’opération d’amour



CITATION XI (SAINTE THERESE)

qu’est-ce que ce bruit dans la tête ? / toi ? /
comme un délire de la nuit ? comme un
oiseau parleur ? / tu voles en quelle chambre
de mon âme ? toi beauté suspendue

au milieu de mon exil comme des
pieds qui piétinent ma chaleur ? ou toi ?/
chaleur qui brûles les soifs de ma soif ? /
porte qui ouvres mon cœur ? / ou le centre

de mon âme où tu dresses ton éclat ? /
âme pleine de ténèbres ? / âme qui
est ténèbres jusqu’à toi ? / âme obscure
pour ton opération de clarté ? / dur

dedans que tu consoles ? / tout oiseau ? /
feu qui travaille plénitude / largeur /
longueur de ta propre douleur / petit
ciel si bon tout plein d’ailes comme toi ?

ton visage uni à ton vol de toi ?/
à ton regard regard s’il ne regarde ? /
million de vies en qui tu es ? / secrète
désignation de toi ?/ amour et monde ? /


//Juan Gelman (1930 – 2014)

/ Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet
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CXV
  
  
  
  
Mon poème a menti, qui déclarait hier
Atteint le point où tout amour doit culminer ;
Mon jugement d’alors n’osait imaginer
Que sa flamme parfaite brûlerait plus claire.

Je comptais sur le temps qui dans son désarroi
Corrompt le Beau, brise le pacte, use la lame
Aiguisée du désir, brade les lois des rois,
Fourvoie dans son méandre les meilleures âmes.

Hélas ! J’avais du temps vorace l’inquiétude...
Pour l’instant souverain le reste je niais
Passant les doutes pour entrer en certitude
Et je pouvais jurer t’aimer plus que jamais !

. J’aurai dû ne rien dire :
-Laisser à l’infini l’épanoui s’épanouir.


// William Shakespeare (1564 – 1616)

/ Traduit de l’anglais par Cédric Demangeot
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