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Citation de sonatem


     
Dans « Poésie et Réalité » (1987), le poète argentin rappelle que lorsqu’on demande à Beckett d’expliquer le sens de son livre, il répondit simplement « En attendant Godot ». Sans pourquoi, sans commentaires. « L’attente capitale » est le lieu de l’attention la plus aigüe. Elle exige de s’arrêter, de suspendre le temps, d’écouter la résonance du monde. Elle constitue ainsi la seule voie de réconciliation, le « garde-fou mobile » qui accompagne et protège l’humanité. …
     
Salvatrice peut-être, la poésie apparaît comme « l’exercice, la passion et le terrain » (Poésie et Réalité) … L’attente dépasse l’espérance, elle nous fait libres. Sa pratique, chaque jour, nous invite à regarder, à respirer, à entendre, et à nous redéployer dans l’attente de Godot ou de tout autre « Visiteur qui jamais ne vient » (Roger Munier, 1983). …
     
Sa poésie verticale est aussi une poésie du soupçon et du balbutiement. Avec Paul Celan et Octavio Paz, il partage la même recherche de la verticalité moderne. Comment se tenir debout ? comment tenir debout après la Catastrophe et les cataclysmes du vingtième siècle ? À la lumière de cette question, toute la démarche de Juarroz est celle d’une émancipation — émancipation de toute appartenance et de toute croyance d’un poète, qui, finalement, a abandonné jusqu’au « dieu des poètes » et dénudé la déité comme il a dénudé la langue pour lui rendre sa verticalité. Il avance alors, le poète-apostat, dans le désert, lançant des mots dans l’infini réel. (…) Juarroz ne propose pas de consolation mais une tentative de réconciliation et de dépassement par la voie fragile et discrète d’une poétique du balbutiement et de l’attente.
     
par François Bordes (pp. 41-42).
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