L'absence intérieure
extrait 3
quiétude du sable
qui attend
et puis la peur dis-tu
la peur laborieuse
des amours muettes
le ressac des lendemains
incertains
l'absence fraîche
de l'oubli
à présent tu entailles seule
la parole du petit jour
lumières imprononcées du vide
autrefois autre solitude
quand le bouillon de la nuit marmonnait
ses étoiles
//Thierry Pérémarti
Sixième sens
J’ai tellement refusé la mort, que je n’ai plus de mémoire. Plus de mémoire.
Et puis, le déracinement. Le départ de ma ville natale, de mon pays de sel. Des grues sur les docks à l’aube ensoleillée. Des chaussures en plastique sur les rochers, quand, avec un couteau, je décollais les arapèdes avec Papa. De la ligne d’horizon sur la mer, au-delà de laquelle l’esprit se permettait tous les vagabondages. Au-delà de laquelle on se lançait le défi d’arriver à la nage : « le premier qui arrive en Algérie a gagné ! »
De mon pays d’odeurs, celle de la rocaille chauffée au soleil, celle de la terre mouillée des vignes où l’on s’enfonçait pour ramasser les poireaux de campagne. Celle de la grappe de raisin qui s’écrase dans le seau des vendanges.
De mon pays où sont les cimetières où reposent mes morts.
//Laurence Blin
L'absence intérieure
extrait 1
quiétude du sable qui attend
dans ta main autrefois il pleuvait
mes larmes suspendues
et l'essaim de la nuit fruitière
trop large pour tes yeux
j'habitais alors sur tes lèvres
sûr de nous
les jours anciens encore inconnus
nos corps à cogne-cœur
vieillissaient en cachette
pulsés d'amour
…
//Thierry Pérémarti
L'absence intérieure
extrait 2
dans ma main autrefois tu pleurais
des instants inaudibles
et derrière ton épaule ce vide
la tresse du temps
rien d'autre
peut-être l'embrasure solaire
de tes yeux
la vie ne nous avait pas
encore joué de tours
…
//Thierry Pérémarti