Intitulé d’après un poème de William Blake, ce beau livre au papier éburnéen d’une douceur angélique exalte l’union des contraires : la grâce et le répugnant, la beauté et le laid, la douceur (des couleurs) et la crudité (des objets). Une illustration de la formosa difformitas, en quelque sorte.
Son contenu n’est pas recommandé aux rétines sensibles, car si la couverture est déjà un indice, elle ne donne qu’une mince idée de ce qui est réservé au lecteur. Âme poétique qui cultive la beauté de l’horrible, c’est en revanche pour toi ! Un festin d’images morbides (magnifiquement reproduites) t’attend.
Maladies de peau, lèpre, choléra, tuberculose, maladies vénériennes, cancers, entre autres joyeusetés, composent les chapitres de l’ouvrage, illustré de quelque 354 images produites entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle.
Les textes, même s’ils ne jouent en apparence qu’un rôle secondaire, sont des plus intéressants. L’introduction offre un aperçu de l’histoire de la médecine en Occident, et décrit brièvement l’essor des manuels illustrés destinés à servir la médecine moderne mise en place au XIXe siècle, dans le sillage de Bichat et des études médicales (physiologie, anatomie) nouvelles développées dans le Paris des deux dernières décennies du XVIIIe siècle. Elle pose aussi la question des enjeux et ressorts de la création d’images montrant le corps ou les organes malades, et évoque l’effet des modes et l’importance du contexte qui voit naître ces représentations. À compter des années 1880, la photographie tend à s’imposer dans un monde scientifique qui juge l’œil de l’appareil plus objectif et fiable que l’œil humain. On sait ce qu’il en est, et combien la photographie elle-même est le fruit d’une création humaine maîtrisée… N’empêche : la fin est proche pour la collaboration du scientifique et de l’artiste !
Suite et fin de la critique sur mon blog.
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