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Citation de roland01


Si j'avais pu pleurer, ces nuits là, je l'aurais fait. Mais je n'avais personne sur l'épaule de qui pleurer, et puis, de toute façon, j'avais horreur de pleurer et je ne voulais pas être un lâche.
Et pourtant, si je parvenais à ne pas couler à pic chaque soir, avec un sentiment d'amertume et d'abandon qui m'empoisonnait toute la journée du lendemain, si je me contentais de rentrer à vélo et de manger mon repas froid vers cinq heures plutôt qu'à la nuit, ça me laissait le temps de me fixer un nouveau centre d'intérêt accessible, en observant ce qui m'entourait à Patreau - c'est-à-dire une fois encore sans rien exclure, comme me l'avait conseillé Mildred - et alors, alors seulement, ma situation m'apparaissait sous un meilleur jour, et je sentais que je pourrai tenir le coup, et la distance.
Car, après tout, je n'avais pas intérêt à me laisser couler. Même si, tous les soirs, j'étais en proie à un sentiment de vide, du fait de ne pas savoir qui j'étais ni où j'étais en ce monde, ni comment les choses se passaient, ni comment elles pourraient se passer pour moi en particulier, j'avais connu pire ! Telles étaient la vérité que Berner avait comprise, et la raison pour laquelle elle s'était sauvée et ne reviendrait sans doute jamais. Elle avait perçu que tout valait mieux que d'être les enfants abandonnés de deux braqueurs de banque. Charley Quarters m'avait dit qu'on traversait des frontières pour échapper aux choses, et peut être pour se cacher. Sous ce rapport, à son avis, le Canada était une bonne planque. (Même si ce passage de la frontière ne m'avait fait aucune impression, on devenait quelqu'un d'autre, au cours de l'opération - c'était en train de m'arriver, il fallait bien que je l'accepte.)
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