Richard Powers

C'est un miracle, explique-t-elle à ses étudiants, que la photosynthèse : une prouesse d'ingénierie chimique qui sous-tend toute la cathédrale de la création. Tout le branle-bas de la vie sur Terre surfe sur ce tour de magie qui défie l'entendement. Le secret de la vie : les plantes mangent la lumière, l'air et l'eau, et l'énergie accumulée sert à faire et créer toutes choses. Elle conduit ses ouailles dans le saint des saints du mystère : Des centaines de molécules de chlorophylle s'assemblent en complexes d'antennes. Et ces groupes d'antennes innombrables se constituent en disques thylakoïdes. Des piles de tels disques s'alignent en un unique chloroplaste. Et ces centrales d'énergie solaire, pas moins d'une centaine parfois, alimentent chaque unique cellule végétale. Des millions de cellules peuvent former une unique feuille. Et un million de feuilles bruissent en un unique et magnifie ginkgo.

Trois de zéros : leurs yeux se voilent. Elle doit les ramener sur la ligne infime qui sépare l'hébétude de l'émerveillement.