Elégie pour le temps de vivre (V)
Extrait 3
Un renard écrasé, au bord de la route,
un hérisson, un chat, même une buse
venue imprudemment se repaître de
charogne – tu te souviens de cela
lorsque tu vois sous le soleil, au seuil
de leur trou minuscule, deux souris
enlacées dans le poudroiement de cet
après-midi où tout semble parfait, où
chaque geste, chaque regard, chaque
abandon, a sa place, où la vie pourtant
mange la vie, où la vie mord et creuse
dans la chair de la vie, pour résister,
pour vivre comme doit vivre la vie,
au fin fond de notre présence.