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Citation de Cielvariable


Le lendemain matin, je m'empressai de rejoindre dimitri. Les entraînements supplémentaires qu'il me donnait étaient devenus les moments préférés de ma journée, en partie à cause du stupide béguin que j'avais pour lui, mais aussi parce qu'ils me permettaient d'éviter les autres élèves.

Il commença par me faire courir, comme d'habitude, et courut avec moi en me donnant des conseils d'une voix calme, presque gentille, comme s'il craignait de provoquer une crise de nerfs ou de larmes. J'étais certaine qu'il connaissait la rumeur, même si nous n'en avions jamais parlé.

Après le footing, il me proposa un nouvel exercice de combat dans lequel j'eus le droit de me servir d'armes improvisées pour l'attaquer. Je fus surprise de parvenir à lui donner quelques coups qui semblèrent lui faire moins mal qu'à moi ; aucun mal, à vrai dire, alors que chaque impact me faisait trébucher. Cela ne m'empêcha pas de monter à l'assaut encore et encore, presque avec rage, sans bien savoir qui je croyais frapper : Mia, Ralf ou Jesse. Peut-être les trois à la fois.

Dimitri finit par demander grâce. Alors que nous rangions le matériel dans la réserve, il jeta un coup d'œil dans ma direction et parut surpris.

— Tes mains... (Il jura en russe sans que je puisse comprendre, puisqu'il refusait obstinément d'enrichir mon vocabulaire de grossièretés.) Où sont tes gants ?

Je baissai les yeux vers mes mains qui souffraient du froid depuis des semaines. La violence de l'entraînement du jour n'avait fait qu'empirer les choses et plusieurs de mes gerçures s'étaient mises à saigner.

— Je n'en ai pas. Je n'en avais pas besoin à Portland.

Il jura encore, m'ordonna de m'asseoir sur une chaise et partit chercher une trousse de secours.

—nous allons t'en trouver une paire, déclara-t-il en nettoyant mes plaies avec un linge humide.
— Ça ne fait que commencer, n'est-ce pas ? murmurai-je en contemplant mes mains abîmées.
—Quoi?
— Ma transformation en Alberta. Elle... et toutes les autres. À force d'être toujours dehors et de s'entraîner tout le temps, elles ont cessé d'être jolies... Cette vie les détruit. Leur apparence, je veux dire.

Je le sentis hésiter avant de lever vers moi ces beaux yeux noirs qui remuaient toujours quelque chose dans ma poitrine. Il fallait vraiment que je cesse de fondre comme une idiote en sa présence...

—Ça ne t'arrivera pas. Tu es... (Pendant qu'il cherchait l'expression juste, je lui fournis mentalement quelques suggestions : belle à se damner ? super sexy ? Finalement, il laissa tomber.) Ça ne t'arrivera pas.

Il reporta son attention sur mes mains. Me trouvait-il... jolie? Je savais parfaitement quel effet je produisais sur les garçons de mon âge. Mais lui ? J'avais du mal à l'imaginer. Ma confusion empira.

—C'est arrivé à ma mère. Elle était très belle, tu sais. Je suppose qu'elle l'est toujours, à sa manière... Mais ce n'est plus la même femme. (J'esquissai un sourire amer.) À vrai dire, je ne l'ai pas vue depuis si longtemps qu'elle peut avoir complètement changé.
— Tu n'aimes pas ta mère.
— Tu l'as remarqué ?
— Tu la connais à peine...
— C'est bien ça le problème. Elle a laissé l'académie m'élever à sa place.

Lorsqu'il eut fini de nettoyer mes gerçures, il dénicha un tube de crème et j'achevai de fondre sous l'effet de son massage.

— Tu dis ça mais... qu'aurait-elle dû faire ? Tu veux devenir gardienne, et je sais quelle importance cela revêt pour toi. Ne crois-tu pas qu'elle éprouve la même chose que toi ? Penses-tu qu'elle aurait dû abandonner son travail pour t'élever alors que tu aurais passé la majeure partie de ta vie ici de toute manière ?

Je détestais qu'on m'oppose des arguments raisonnables.

— Es-tu en train de dire que je suis hypocrite ?
— Seulement que tu ne devrais peut-être pas être si dure avec elle. C'est une dhampir très respectée et elle t'a mise sur la voie qu'elle a suivie elle-même.
— Ça ne l'aurait pas tuée de me rendre visite de temps à autre, grommelai-je. Mais tu dois avoir raison... en partie. J'imagine que ç'aurait pu être pire.
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