AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


Nous étions le 1er novembre, le jour de la Toussaint. Un mois s'était écoulé depuis notre retour, et une célébration était prévue. On attendait la visite d'un groupe de nobles Moroï, comptant la reine Tatiana en personne. Ce n'était pas ce qui m'excitait le plus. La reine était déjà venue à l'académie. C'était même assez fréquent et beaucoup moins amusant que cela en avait l'air. Et puis le prestige de la royauté avait beaucoup baissé dans mon estime depuis que j'avais vécu en démocratie parmi les humains. J'étais certaine que Kirova m'avait autorisée à être présente simplement parce que tout le monde allait se trouver là ; ce qui impliquait qu'on ne pourrait pas me surveiller ailleurs. C'était la première occasion qui m'était offerte depuis un mois de m'échapper de ma chambre et de me détendre en parlant avec des gens. Cette liberté valait bien de supporter quelques discours assommants. Je ne pris pas le temps de bavarder avec Lissa à la fin des cours. Dimitri avait tenu sa promesse et je faisais de mon mieux pour tenir la mienne. J'avais désormais deux heures d'entraînement supplémentaires, une le matin et l'autre le soir. Plus je l'observais, mieux je comprenais d'où lui venait sa réputation de dieu. Il savait beaucoup de choses, comme ses six molnija le prouvaient, et j'étais impatiente de progresser.

Dès mon entrée dans le gymnase, je remarquai qu'il portait un pantalon de survêtement au lieu de son jean habituel. Cela lui allait bien... très bien même...

Détourne les yeux, Rose ! m'ordonnai-je pour ne pas perdre mon sang-froid.

Il se planta en face de moi et croisa les bras sur sa poitrine.

— Quel est le premier problème quand tu fais face à un Strigoï ?
— Il est immortel ?
— Pense à quelque chose de plus simple.

«Plus simple»? Je pris quelques instants pour réfléchir.

— Il y a toutes les chances pour qu'il soit plus grand et plus fort que moi.

Les Strigoï, sauf ceux qui avaient d'abord été humains, étaient aussi grands que leurs cousins Moroï. Ils étaient aussi beaucoup plus forts que les dhampirs, avaient des sens plus aiguisés et de meilleurs réflexes. C'était pour cette raison que les gardiens s'entraînaient si dur : nous devions compenser notre infériorité naturelle.

— Ça complique les choses, reconnut Dimitri, mais ce n'est pas le pire. La plupart du temps, il est possible d'utiliser la taille et la force d'un adversaire contre lui.

Il me fit une démonstration, m'indiquant comment me placer et où frapper. Je répétai ses mouvements, ce qui me permit de comprendre pourquoi je me faisais botter les fesses aux entraînements. Je les intégrai vite et brûlai d'impatience de les mettre en pratique. Vers la fin de l'heure, il me laissa essayer.

— Vas-y ! Essaie de me frapper.

Il n'eut pas besoin de me le dire deux fois. Je fondis sur lui pour me retrouver plaquée au sol. La douleur irradia dans mon corps, mais je refusai de m'avouer vaincue. Je bondis sur mes pieds pour essayer de le prendre par surprise. Sans succès.

Après quelques autres tentatives infructueuses, je tendis le bras pour implorer une trêve.

— Très bien. Qu'est-ce que je fais mal ?
—Rien.

Je n'en étais pas convaincue.

— Si je fais ce qu'il faut, pourquoi n'es-tu pas inconscient à l'heure qu'il est ?
— Parce que, même si tes gestes sont bien faits, c'est la première fois que tu essaies alors que je m'entraîne depuis des années.

Sa sagesse d'ancêtre me fit secouer la tête. D'après ses propres dires, il n'avait jamais que vingt-quatre ans.

— Si tu le dis, papy... On essaie encore ?
— L'heure est terminée. N'as-tu pas l'intention d'aller te changer ?

Je levai les yeux vers la pendule poussiéreuse et me réjouis : le banquet n'allait pas tarder à commencer. L'idée d'être aussi démunie que Cendrillon me fit rire.

— Évidemment...

Lorsqu'il me tourna le dos, je ne voulus pas laisser passer ma chance. Je lui sautai dessus, en me positionnant exactement comme il m'avait montré. Avec l'effet de surprise pour moi, il ne me verrait même pas l'attaquer et je ne pouvais pas le manquer.

Avant même que je le touche, il fit volte-face à une vitesse humiliante, me souleva comme si je ne pesais rien et me plaqua au sol dans le même mouvement.

— Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? grognai-je.

Il me regarda droit dans les yeux tout en me maintenant immobile par les poignets, avec un peu moins de sérieux que pendant le cours.

— Disons que le cri de guerre t'a trahie. Essaie de ne pas hurler la prochaine fois...
— Est-ce que ç'aurait vraiment fait une différence si je n'avais pas crié ?

Il réfléchit un instant.

— Probablement pas.

Malgré mon soupir exagéré, j'étais de bien trop bonne humeur pour laisser la déception m'abattre. Après tout, il y avait quelques avantages à avoir un dieu pour mentor. Dimitri était bien plus grand, plus lourd et plus fort que moi. Sans être un colosse, il avait des muscles aussi efficaces que bien placés... Si j'arrivais un jour à le battre, je serais capable de battre n'importe qui.
Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}