Lorsqu'en 1595 Henri IV fit le siège de plusieurs villes de Franche-Comté, il avait promis, pour obtenir une "capitulation honorable ", que dans ces villes "seraient respectés la population, les biens et les libertés". La promesse ne fut pas tenue. Les villes furent livrées au pillage et aux représailles. Les Comtois, qui sont gens loyaux, n'apprécièrent pas cette perfidie et forgèrent à l'endroit des Français ce dicton sévère:
"Il n'est pas Français de nature
qui ne trompe quand il assure"
Cette méfiance à l'endroit des Français dura jusqu'à la conquête de 1674 et même après. Traiter avec Louis XIV, c'était s'exposer à subir perfidie et trahison:
"Mais on sait par expérience,
que dès lors qu'on fit alliance
avec les Louis de Bourbon
Tout est allé à reculons"
Partout et toujours les Comtois se défendaient bravement devant l'envahisseur et luttant pied à pied, refusant de quitter le pays, se contentaient de dire:
"Il nous restera toujours moyen d'occuper ici dix pieds de terre."
Certains furent les héros de la résistance comtoise. Le plus célèbre fut Lacuson qui dès 1636 et pendant la conquête de 1673 résista à l'envahisseur. Capitaine du château de Montaigu puis de celui de Saint-Laurent-La-Roche, il faisait quelques incursions, quelques actions de "commando" dirait-on aujourd'hui, dans la Bresse française où il semait la terreur.
"De la fièvre et de Lacuson délivrez-nous Seigneur", disaient alors les gens.
Montbéliard a été longtemps un pays "mixte" peuplé de catholiques et de protestants qui se détestaient.
Les protestants criaient aux catholiques:
"Catholique, apostolique
mindge relique,
a tchouvô su lè bourrique
lé bourrique â l'va lou cu
l'à lou catholique foutu"
(Catholique apostolique
mange relique, à cheval sur la bourrique
la bourrique a levé le cul
voilà le catholique foutu)
Les catholiques répliquaient:
"Huguenot
Parpaillot
tire la coué
t'airai un beugnot"
(Huguenot
Parpaillot
tire la queue
t'auras un beignet)
ou cette variante:
"Huguenot
parpaillot
brûle sur un fagot"
En avril 1834 des insurrections éclatent à Paris et à Lyon. On ne sait trop pourquoi, Arbois aussi s'insurge. Le 14 avril les insurgés marchent sur Poligny qui était alors sous-préfecture, pour s'emparer d'un dépôt de poudre. Le sous-préfet se porte au-devant des manifestants et interroge:
-Quel est votre chef?
C'est alors qu'il se voit répondre ce
"No sin tou tsefs." (Nous sommes tous chefs)
si cher aux gens d'Arbois.
Lorsque l'insurrection fut terminée on put lire dans Le Moniteur, l'officiel de l'époque, cette note demeurée célèbre en Franche-Comté:
"Paris, Lyon et Arbois sont tranquilles".
Un vieux dicton a cours sur les gens des différentes paroisses de la boucle:
"A Saint-Jean les riches
A Saint-Pierre les glorieux
A la Madeleine les pouilleux"