Robert Bryndza

— Bon sang, qu’est-ce qu’Andrea Douglas-Brown pouvait bien fabriquer par ici, et toute seule, encore ! s’exclama Erika. Ce n’est pas le genre d’endroit que fréquente ordinairement une fille à papa qui vit à Chiswick, non ?
Une bourrasque de neige enveloppa la voiture. Quand elle se dissipa, elle dévoila l’édifice de grès jaune du Horniman, flanqué de hauts yuccas et de palmiers qui ne semblaient pas à leur place sous la couche de neige.
Moss ralentit à l’approche des grilles et, arrivée à la hauteur d’un jeune agent en uniforme, Erika baissa sa vitre. L’agent se pencha, posa sa main gantée sur l’encadrement de la fenêtre. Un tourbillon de flocons s’engouffra dans l’habitacle ; ils vinrent se plaquer contre le revêtement intérieur de la portière. Erika sortit sa carte et la présenta à l’agent.
— Prenez la prochaine à gauche, dit-il. Attention, ça grimpe. On a envoyé la sableuse mais
méfiez-vous quand même.
Erika acquiesça, remonta sa vitre, et Moss suivit les indications de l’agent pour s’engager dans la montée. À distance, ils s’aperçurent que la route était bloquée par un barrage de police. Toute une horde de journalistes, équipés pour endurer le temps hivernal, faisaient le pied de grue sur le trottoir, à gauche du ruban qui bouclait la scène de crime. Dès qu’ils avisèrent la voiture, ils s’agitèrent et les flashs se mirent à crépiter comme autant de balles rebondissant sur le pare-brise.
— Cassez-vous ! maugréa Moss.