On garde le plus souvent des lieux de notre enfance, le souvenir de leurs odeurs. Latrines ou cuisines, peu importe les flacons qui contiennent ces fragrances, elles nous reviennent en pleines narines à l'aube blanche ou au soir rosé et nous couchent avec une ivresse brutale.
On ne voyage jamais autant qu'entre les murs de sa chambre, et bien que les murs et les portes nous entravent, nous avons la force suffisante de la poésie pour faire sauter le corset de la réalité. Je suis à la fois, le paysage, le voyageur et le nuage.
nous étions adroits
dans l'art du camouflage
peau d'argile sèche sur nos corps nus
silencieux et patients
nous étions cousins du tigre
nous avons dévoré
gloutons insatiables
éradiquant jusqu'aux pierres
puis nous nous sommes mangés nous-mêmes
[...]
le monde se partage en deux clans
le clan de celui qui tue
le clan de celui qui hurle
un long cri nous rassemble
victimes écorchées aux sandales déposées
sur le bord du volcan