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Critiques de Robert Conquest (4)
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La grande terreur, précédé des

VINGT MILLIONS DE VICTIMES.

Robert Conquest est un historien anglais décédé à l’âge de 98 ans en 2015. Son parcours politique lui a permis de s’imprégner de l’histoire de l’URSS puisqu’il était initialement membre du parti communiste anglais et a vécu de 1942 à 1948 en Bulgarie. Dans ce livre de 1000 pages édité en papier bible, il fait le point avec du recul de l’histoire sur les deux épisodes dramatiques de l’histoire de l’URSS, à savoir la grande famine de 1930 et la grande terreur de 1935 à 1939. Les 2 grandes questions sont :

-Staline a-t-il fait tuer 20 millions de personnes de façon délibérée et préméditée?

-La fin justifie-t-elle les moyens ?

La première partie du livre titrée « Sanglantes moissons » (Prix national Taras Chevtchenko) traite de la grande famine de 1930 qui a touché principalement l’Ukraine, le grenier à blé de l’URSS. Certes Staline avait besoin d’exporter ce blé pour financer son industrie lourde, mais il a probablement délibérément affamé les paysans ukrainien pour mater la résistance à la collectivisation des terres et mettre au pas l’Ukraine qui a toujours manifesté une indépendance culturelle et linguistique vis à vis de la Russie : 5 millions de morts de faim, une misère épouvantable, jusqu’à des actes de cannibalisme. Pour l’auteur, preuves à l’appui, il s’agissait d’une famine organisée et machiavélique (« génocide »). En toute impunité ? : la force de Staline était que ses adversaires ne croyaient pas qu’il pouvait souhaiter ou agir ainsi tant les actes étaient monstrueux. « Ce n’était plus l’économie qui déterminait la politique, mais la politique qui déterminait l’économie. »

La deuxième partie du livre, intitulée « La grande terreur », traite des grands procès staliniens et des purges à tous les niveaux (appareil du parti, intellectuels, ingénieurs, militaires) qui a sévi de 1936 à 1938. La mécanique a été bien orchestrée : faire assassiner Sergueï Kirov, le numéro 2 du parti, bien-aimé du peuple, décréter l’état d’urgence et placer à la tête de la police politique et du tribunal d’exception un de ses affidés. À ce moment, il devient facile d’éliminer les complices du «complot ». On reste abasourdi devant la tolérance des membres du parti et du peuple russe devant la masse des exécutions sommaires ; l’absence d’indignation du public (quand les procès l’étaient) devant le délabrement physique et psychique des accusés qui, après torture, professaient leur autocritique au tribunal. « Un vrai bolchevique doit noyer sa personnalité dans la collectivité, dans le parti, au point d’être capable de renoncer à ses propres convictions et d’adopter honnêtement celles du parti. » Trotsky : « en définitive, le parti a toujours raison »

La procédure des arrestations est hallucinante : elle était régie non pas par la culpabilité des gens mais par « quotas ». Ainsi un responsable du NKVD se vit reprocher de n’avoir pas trouvé autant d’espions polonais que son homologue ukrainien : il s’arrange alors pour arrêter 12 000 personnes dont bon nombre de commerçants juifs.

Dans le monde occidental, les réactions aux quelques informations qui transpiraient étaient relativement mitigées. Beaucoup de journalistes et de politiques les considéraient comme de l’intoxication ou de l’anticommunisme primaire. On remarquera la clairvoyance d’André Gide qui, après une visite de deux mois en URSS, sur invitation, publieras en 1936 : « Mon retour de l’URSS » suivi de « Retouches à mon retour de l'URSS » en réponse aux critiques et aux injures de la part de l’intelligentsia française, Aragon en tête. Il s’agit d’un véritable réquisitoire contre le stalinisme. « Que le peuple des travailleurs comprenne qu'il est dupé par les communistes, comme ceux-ci le sont aujourd'hui par Moscou ».

Robert Conquets développe en outre dans cet ouvrage une thèse relativement surprenante : à son avis, Staline, fasciné par l’autocratie (et peut-être l’antisémitisme) aurait décidé de faire alliance avec Hitler pour lutter contre l’impérialisme occidental. À tel point qu’il a décimé aussi jusqu’en 1939 la plupart des cadres et stratèges de son armée ; avec pour conséquence la défaite de la guerre Russo-finlandaise de 1940 (où un petit pays a réussi à repousser une armée alignant 4 fois plus d’hommes et un matériel moderne.) D’ailleurs, non préparé pour la guerre, Staline aurait été surpris par l’offensive allemande de juin 41.

Au total, entre la famine et les purges, la fourchette envisagée est de 20 millions de victimes…
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Le Féroce XXe siècle : Réflexions sur les ravages..

Robert Conquest est un historien britannique de réputation mondiale puisqu’il est celui qui a publié deux grands ouvrages sur la Terreur Stalinienne qui sont édités de nos jours, en un seul et même volume, nommé : « La Grande Terreur : les purges Staliniennes des années 30, précédé de Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS. »



Dans ce livre : Le Féroce XXe siècle : Réflexions sur les ravages des idéologies, l’auteur présente une rétrospective, entre autres, des deux grandes Idéologies Totalitaires du 20ème siècle : le Communisme et le Nazisme.



Etant donné qu’il est difficile de résumé un ouvrage d’analyses comme celui-ci, je me propose plutôt de partager quelques réflexions particulièrement intéressantes.



D’abord, Robert Conquest fait un retour dans le passé, pour essayer de comprendre la genèse de ces deux Totalitarismes.



Il propose comme source de la violence et de la Terreur : l’IDEE. En effet, le pseudo-intellectuel fanatique prend le pouvoir par la force avec comme principal objectif, l’application stricto sensu de l’Idée (ou Idéologie) en tant que Pensée Unique. Il déploie alors TOUS les moyens de Terreur dont il dispose pour son exécution, engendrant donc les exterminations de masse.

L’auteur résume très bien cette « nécessité » pour les Révolutionnaires professionnels, de violenter la société au nom du dogme qu’ils imposent par le Terrorisme, pages 22 et 23 :



« Les révolutionnaires croyaient qu’il était dans la nature des choses d’utiliser la dictature et la terreur pour le bien de l’humanité, de la même manière que les prêtres aztèques pensaient qu’ils avaient parfaitement raison d’extraire le coeur de milliers de victimes, puisque, s’ils ne l’avaient pas fait, le soleil serait parti, ce qui aurait représenté une catastrophe encore pire pour l’humanité. Dans les deux cas, les moyens sont acceptables, puisqu’ils sont inévitables. Du moins, si la théorie est correcte… »



Puis il complète, pages 96 et 97 :



« Pour plusieurs raisons, le despotisme révolutionnaire se trouve, tôt ou tard, dans l’obligation d’instaurer une terreur à une échelle sans égale. D’abord, une dictature extrémiste mettant en oeuvre un programme de destruction de classes ou de races tout entières doit nécessairement compter sur un plus grand niveau de terreur qu’un simple régime « réactionnaire ». Mais il convient également de tenir compte d’un point plus important : un régime révolutionnaire extrême parvient d’ordinaire au pouvoir lorsque son prédécesseur s’est aliéné les classes pensantes pendant toute une période où s’est développé leur esprit critique. Or, le but de la révolution étant d’instaurer le règne d’une théorie infaillible, censée conduire l’histoire à son terme prédestiné, il est obligatoire de faire taire toute critique en provenance de la société, ce qui implique de la ramener à une situation où il lui est impossible d’exercer un jugement contre l’Etat. Conceptuellement, il s’agit là d’une tâche très difficile, qui passe par la destruction des attitudes dont la révolution s’est servie pour renverser l’ancien pouvoir. Elle ne peut être menée à bien que par l’utilisation massive de la terreur contre la classe révolutionnaire elle-même. »



Donc, Robert Conquest explique fort bien, que finalement le prolétariat n’était qu’un prétexte pour renforcer et donner un habillage à la mise en place de l’Etat Totalitaire Communiste, page 105 :



« Le pouvoir du prolétariat n’était qu’un nom de code pour la dictature émergente du parti. »



D’ailleurs, les ouvriers qui s’opposaient au régime Bolchevique (Communiste) étaient systématiquement : déportés en camps de concentration ou massacrés comme tous les autres, page 160 :



« En 1918, les usines votèrent pour les mencheviks et d’autres partis non bolcheviques et lancèrent des grèves massives que Lénine réprima « impitoyablement », selon ses propres mots, alors que d’importants soulèvements ouvriers avaient pour cadre plusieurs villes industrielles. Et, en 1921, les ouvriers de Petrograd firent cause commune avec la révolte de Cronstadt. »



Puis, Robert Conquest propose : l’ignorance, comme composante essentielle à toutes tragédies, synthétisant cette notion, page 34 :



« Comme nous l’avons dit, les erreurs intellectuelles sont généralement provoquées par l’ignorance du fait que l’homme est à la fois un individu et un être social. »



Il démontre également que l’Idéologie Marxiste-Léniniste, est fondée sur les FAUSSES théories de Marx ; erreurs largement confirmées depuis, principalement par la « survivance » effective du système Capitaliste, comme décrit, pages 59 et 60 :



« Dans Le Capital, il explique qu’il a découvert les « lois naturelles » de la production capitaliste, ajoutant que « ces lois mènent d’une manière implacable vers des résultats inévitables ». Et le marxisme de Marx est réellement une théorie scientifique, dans le sens où il est possible de prouver la fausseté de ses prédictions : par exemple, qu’avec l’augmentation du rapport entre le capital et le travail dans la production, les bénéfices devraient (forcément) chuter et les salaires diminuer ; que le capitalisme constituerait une contrainte à la production ; que des pays industriels se polariseraient de manière croissante entre un groupe restreint de capitalistes et un énorme prolétariat de plus en plus pauvre ; et que celui-ci devrait renverser ceux-là dans une révolution. Ces prédictions de Marx n’étaient pas des suggestions aléatoires, mais des déductions rigoureuses de son analyse d’ensemble des travaux sur le système capitaliste. »



Toujours, page 60 :



« Le problème principal du marxisme réside, en fait, dans la fameuse théorie de la « plus-value ». Elle ne possède aucun fondement clair. Le bénéfice peut être aussi facilement défini comme un produit du capital, ou de la conjonction du capital et du travail. »

(…) « En réalité, ce n’était qu’une manière de donner un habillage scientifique et une forme doctrinale à l’idée simple que les riches volent les pauvres. Désormais, un Doktor allemand l’avait prouvé. »



L’auteur fait ensuite le parallèle entre la volonté déterminée de l’extermination de catégories d’êtres humains, en comparant les deux Totalitarismes, page 108 :



« Grossman, lui-même juif et le principal auteur soviétique sur l’Holocauste, établit une analogie avec le comportement des nazis à l’égard des Juifs. Une activiste communiste explique : « Je me disais à l’époque : « Ce ne sont pas des gens, ce sont des koulaks. » (…) Qui a inventé ce mot « koulak », de toute façon ? Est-ce vraiment un terme ? Quelle torture leur a été infligée ! Pour les massacrer, il était nécessaire de proclamer que les koulaks n’étaient pas humains. De même que les Allemands proclamaient que les Juifs n’étaient pas des hommes, Lénine et Staline ont proclamé : « Les koulaks ne sont pas des êtres humains ». »



De nombreux autres thèmes sont abordés par Robert Conquest, comme : la Guerre Froide, l’Europe…

Un ouvrage de réflexions donc, dans lequel l’auteur constate que, malheureusement, l’IDEE a continué à sévir dans la seconde moitié du 20ème siècle.

Et comme les tragédies de l’Histoire ne servent dramatiquement pas de leçons, l’IDEE sous d’autres masques, poursuit son sinistre chemin, inexorablement, dans notre 21ème siècle…



Confer également, l’autre tout aussi passionnant ouvrage de Robert Conquest sur le même thème : « La Grande Terreur : les purges Staliniennes des années 30, précédé de Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS. »
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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La grande terreur, précédé des

Ce volumineux ouvrage (1000 pages) de l’historien soviétologue Anglais Robert Conquest, comprend en fait deux livres :



Le premier, Sanglantes Moissons traite du sujet de la « Dékoulakisation » (massacres et déportations au Goulag de plusieurs MILLIONS de paysans) au cours des années 1930, ainsi que du renouvellement, toujours par Staline, de l’immonde système de collectivisation (réquisitions forcées des récoltes agricoles), déjà perpétré par Lénine entre 1918 et 1922 faisant 5 MILLIONS de morts, et en y ajoutant le regroupement forcé des paysans dans les Kolkhozes, le tout engendrant cette seconde gigantesque famine qui a conduit au génocide de 6 MILLIONS d’innocents en U.R.S.S. entre 1931 et 1933.



Comme l’écrit un compte rendu Soviétique relativement récent, page 401 :



« Staline organisa cette famine de façon parfaitement délibérée et planifiée ».



L’auteur nous présente de nombreux témoignages décrivant les horribles crimes commis lors de cette famine, ainsi que l’état de délabrement physique des paysans mourants de faim, entre autres, pages 264 et 265 :



« Le spectacle le plus terrifiant, c’étaient les enfants avec leurs membres squelettiques et leur ventre gonflé. La faim avait effacé toute trace de jeunesse de leur visage, leur avait donné l’impression torturée des gargouilles ; seuls leurs yeux gardaient un reste d’enfance. Partout, nous trouvions des hommes et des femmes couchés, le visage et le ventre gonflés, le regard totalement vide ».



Dans la monstruosité et l’aberration absolues, on trouve aussi cette « loi » qui condamnait à mort, ou à la déportation en camps de concentration (Goulag), toute personne, qui mourant de faim, « osait » couper quelques épis de blé afin de survivre encore quelques temps.



Mourir de faim conduisait souvent à la folie, et donc parfois certains parents, au cannibalisme, en mangeant leurs propres enfants !



Le second livre, La Grande Terreur de 1936 à 1938, porte d’une part, sur les grands et faux procès de Moscou qui ont conduit l’ancienne garde bolchevique (originaire de la période de la Terreur rouge entre 1917 et 1924 sous Lénine) à être passée par le peloton d’exécutions : Zinoviev, Kamenev, Toukhatchevski, Boukharine, Rykov, etc..

D’autre part, hormis ces hauts responsables et bourreaux bolcheviques de la première heure, Staline en tant que grand : mégalomane, paranoïaque, schizophrène, tyran, fanatique, psychopathe, et au nom de l’idéologie criminelle Marxiste-Léniniste de la « lutte des classes », a également fait FUSILLE (sur la base de simples listes établies aux hasards par ses acolytes responsables communistes), environ 750 000 civils innocents en moins de 2 ans, entre 1937 et 1938, soit une moyenne de 1500 personnes FUSILLEES par JOUR !



Cette oeuvre est passionnante et historiquement fondamentale, car elle décrit dans le détail la barbarie mise en place, afin d’exterminer des MILLIONS d' »ennemis » innocents, sous l’idéologie totalitaire communiste.



Malgré la grande difficulté de décrire avec des mots, la monstruosité des souffrances psychologiques et physiques qu’ont enduré les victimes des crimes commis par ces tortionnaires communistes, mais grâce aux essentiels livres d’histoire tels que : le Livre noir du communisme et bien d’autres oeuvres littéraires et témoignages de survivants sur ce sujet du totalitarisme communiste, on essaye de toucher du doigt, mais sans jamais y parvenir, cet : indicible « mal absolu » dont est capable de faire preuve, parfois, l’être humain…
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La grande terreur, précédé des

bien
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